La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a félicité mercredi la Croatie pour sa prochaine adhésion à l'Union européenne, après son intégration dans l'OTAN en 2009, et présenté ce pays comme le modèle à suivre pour les autres États issus du démantèlement sanglant de l'ex-Yougoslavie.

«Aujourd'hui vous êtes non seulement membre à part entière de l'OTAN et vous allez rejoindre l'UE, mais vous représentez une ancre de stabilité et de prospérité dans la région. Vous démontrez ce que les citoyens et les dirigeants politiques peuvent accomplir lorsqu'ils travaillent ensemble pour un but commun», a-t-elle déclaré à la presse à l'issue d'un entretien avec le président croate Ivo Jospovic.

Elle a souligné que la Croatie devait poursuivre ses efforts dans la lutte contre la corruption et le crime organisé et renforcer l'indépendance de la justice, et encouragé Zagreb à «partager» son expérience avec les pays voisins, «car vous avez beaucoup de leçons qui peuvent leur être utiles».

Après la Slovénie, membre de l'UE depuis 2004, la Croatie est, de tous les États issus de l'ex-Yougoslavie, le pays le plus avancé dans tous ces domaines. La Bosnie, la Serbie et le Kosovo, qui aspirent aussi à une intégration européenne et où Mme Clinton a fait successivement étape depuis lundi, sont loin derrière.

A Pristina mercredi matin, la secrétaire d'État américaine avait prévenu que Washington serait inflexible sur l'indépendance du Kosovo, mais avait ménagé la Serbie en ne demandant pas qu'elle reconnaisse son ancienne province méridionale. Elle avait aussi poussé Belgrade et Pristina au dialogue et à l'intégration dans l'UE.

«Soyons clairs: les États-Unis resteront fermes sur la souveraineté et l'intégrité territoriale du Kosovo», a-t-elle martelé aux côtés de la responsable de la diplomatie européenne Catherine Ashton et du Premier ministre kosovar Hashim Thaçi.

La veille à Belgrade, Mme Clinton avait déjà poussé les autorités serbes à reprendre le dialogue avec le Kosovo. Cette reprise est une des conditions fixées par l'UE pour que la Serbie puisse officiellement entamer des négociations d'adhésion à l'Union.

Le Premier ministre kosovar a reconnu de son côté que «le processus de normalisation entre l'État du Kosovo et la Serbie est crucial pour l'européanisation» des Balkans.

Comme lors de sa précédente visite en 2010, Mme Clinton s'est fait un point d'honneur mercredi de rencontrer des Serbes du Kosovo.

Elle s'est rendue dans une église orthodoxe brûlée en 2004 par vengeance par des kosovars albanais et s'y est entretenue avec des prêtres orthodoxes et des fidèles.

Mme Clinton les a assurés de «l'engagement de l'Amérique» à faire du Kosovo et de l'ensemble de la région un endroit où «tous les peuples, quelles que soient leurs origines, auront une chance de réussir».

Elle a aussi invité Belgrade et Pristina à trouver des «solutions aux inquiétudes» des Serbes du nord du Kosovo, territoire à proximité immédiate de la Serbie, où ils sont majoritaires et qui échappe au contrôle de Pristina.

La proclamation de l'indépendance par la majorité kosovare albanaise a été la conséquence ultime du conflit (1998-99) qui a opposé la guérilla indépendantiste kosovare aux forces de Belgrade, chassées du Kosovo par des frappes de l'OTAN au printemps 1999.

Les États-Unis constituent le principal allié du Kosovo indépendant, avec 22 des 27 pays de l'Union européenne, tandis que la Serbie, soutenue notamment par la Russie, refuse cette indépendance.

Mme Clinton achèvera sa tournée dans la région par l'Albanie jeudi.