La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a poussé mardi la Serbie au dialogue avec son ex-province du Kosovo - condition indispensable à son intégration dans l'UE - sans réclamer la reconnaissance par Belgrade de l'indépendance du Kosovo.

Cette proclamation d'indépendance en février 2008 par la majorité kosovare albanaise a été l'une des dernières étapes du démantèlement de l'ex-Yougoslavie. Elle a été la conséquence ultime du conflit (1998-99) qui a opposé la guérilla indépendantiste kosovare aux forces de Belgrade, chassées du Kosovo par des frappes de l'OTAN au printemps 1999.

Les États-Unis constituent le principal soutien du Kosovo indépendant, avec 22 des 27 pays de l'Union européenne, tandis que la Serbie, soutenue notamment par la Russie, le refuse.

Dialoguer avec Pristina «n'oblige pas la Serbie à reconnaître le Kosovo», a concédé Mme Clinton lors d'une conférence de presse à Belgrade, aux côtés du chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton et du Premier ministre serbe Ivica Dacic.

Mme Ashton a tenu des propos similaires.

Entamé en mars 2011 sous l'égide de l'UE, le dialogue entre Belgrade et Pristina a été suspendu avant les élections serbes de mai remportées par les nationalistes. Plusieurs accords ont été conclus depuis, et Bruxelles et Washington insistent pour les voir appliqués sur le terrain.

Le Premier ministre serbe et son homologue kosovar Hashim Thaci se sont toufefois vus le 19 octobre à Bruxelles avec Mme Ashton. «Nous sommes tombés d'accord pour poursuivre le dialogue entre eux deux et nous projetons de nous revoir très bientôt», a dit la diplomate en chef de l'UE.

Son homologue américaine a encore jugé «primordiale» la normalisation des relations afin que la la Serbie et le Kosovo aient «un avenir fait d'une paix durable».

Mme Clinton, en tournée depuis lundi soir dans les Balkans pour pousser ces pays à adhérer à l'UE et à L'OTAN, a assuré de «l'engagement» des États-Unis à ce que «la Serbie et tous les pays de la région concrétisent leurs aspirations à s'intégrer à la communauté européenne et euro-atlantique», à l'image de la Croatie, membre de l'Otan depuis 2009 et qui sera le 28e État de l'UE en juillet prochain.

«C'est mon message ici à Belgrade et je le répéterai demain à Pristina», a-t-elle assuré.

Pour sa part, le chef du gouvernement serbe a promis de s'engager pour le dialogue avec Pristina et indiqué qu'il pourrait reprendre en novembre.

«Je suis reconnaissant envers Lady Ashton d'avoir répété à plusieurs reprises que l'UE ne poussera pas la Serbie à accepter ce qu'elle ne peut pas accepter. Mme Clinton a répété la même chose, c'est-à-dire que les États-Unis ne pousseront pas la Serbie à accepter l'indépendance du Kosovo», s'est félicité M. Dacic.

Il a dit vouloir résoudre les questions pratiques en suspens avec le Kosovo d'ici la fin du mandat de son gouvernement, soit dans quatre ans.

Mme Clinton et Ashton, qui voyagent ensemble dans l'avion de la secrétaire d'État, sont arrivées mardi soir à Pristina pour des rencontres mercredi avec les dirigeants kosovars, avant d'aller mercredi soir à Zagreb et jeudi à Tirana.

Avant la Serbie, Mme Clinton avait dénoncé dans la matinée à Sarajevo la tentation séparatiste des leaders serbes de Bosnie, qui menacent régulièrement de proclamer leur indépendance. Elle a là aussi encouragé les dirigeants bosniens à choisir l'intégration dans l'UE et l'Otan, qu'elle a qualifiée de «meilleure voie pour un avenir stable et prospère».

Elle a appelé au respect de l'accord de paix de Dayton (1995) qui a mis un terme à trois ans et demi de guerre intercommunautaire, mais a entériné la division du pays en deux entités, l'une serbe et l'autre croato-musulmane, unies par de faibles institutions centrales.