Silvio Berlusconi a été condamné, vendredi à Milan, pour une fraude fiscale de 10 millions d'euros. C'est la quatrième condamnation de l'ex-premier ministre italien en 33 procès.

Il devrait normalement écoper d'une peine d'un an de prison, en plus d'une interdiction de cinq ans de charges publiques. Mais la peine sera suspendue pendant l'appel et M. Berlusconi bénéficiera probablement de la prescription qui, en Italie, s'applique à tout le processus judiciaire, selon Franco Pavoncello, politologue à l'Université John Cabot, à Rome.

«Le jugement est assez surprenant, dit M. Pavoncello en entrevue téléphonique. Une cause très similaire a été gagnée par Berlusconi à Rome. Et la Cour constitutionnelle était déjà en train d'examiner la constitutionnalité des accusations. Encore plus inhabituel, le juge a accordé une peine plus lourde que celle demandée par la poursuite, quatre ans au lieu de trois ans et huit mois.» Une loi adoptée en 2006 par le troisième gouvernement Berlusconi réduit automatiquement les peines de prison pour des délits non violents commis avant 2006 (de quatre à un an dans ce cas).

Le jugement affirme que le Cavaliere a une «propension à commettre des délits». De son côté, M. Berlusconi a affirmé qu'il s'agissait d'une «condamnation politique» digne d'un «pays barbare» qui lui a coûté 400 millions d'euros en frais d'avocats depuis 20 ans. «Il faut faire quelque chose», a-t-il déclaré dans une entrevue à l'émission Studio Aperto, diffusée sur Italia 1, l'une de ses chaînes de télévision.

M. Pavoncello estime que le jugement pourrait pousser M. Berlusconi à rester dans l'arène politique, même s'il a déclaré jeudi qu'il s'en retirait. «Il doit y avoir un lien entre sa déclaration, la plus nette qu'il ait jamais faite sur son retrait de la vie politique, et le jugement qui s'en venait, dit M. Pavoncello. Bossi a d'ailleurs déclaré qu'il n'y croyait pas et que Berlusconi resterait en politique tant qu'il y aurait des procès contre lui.» Umberto Bossi, chef d'un parti décentralisateur du Nord, est l'allié de M. Berlusconi depuis 1994.

George Clooney à la rescousse

Les avocats de Silvio Berlusconi ont appelé à la barre l'acteur George Clooney pour qu'il explique que les repas qu'il a partagés avec l'ancien premier ministre italien n'étaient pas des partouzes. La vedette de la série ER et des films Ocean's doit aider le Cavaliere à prouver qu'il n'a pas couché avec Karima El-Mahroug quand elle était mineure. Cette danseuse du ventre marocaine, dont le nom de scène était Ruby Rubacuori (vole-coeurs), a été libérée d'un commissariat milanais où elle était emprisonnée pour une accusation de vol de 3000 euros, par M. Berlusconi lui-même en mai 2010. Ce dernier affirme qu'il croyait qu'il s'agissait de la nièce du président égyptien Hosni Moubarak. La procureure Ilda Boccassini affirme que la citation à comparaître de M. Clooney, qui n'était pas libre au moment prévu, est une manoeuvre dilatoire de la défense. Me Boccassini fait partie d'un groupe de procureurs milanais que la droite italienne a surnommés «les toges rouges», en référence à la gauche, parce qu'ils ont déposé la majorité des poursuites contre Silvio Berlusconi.