Le Parlement géorgien a entériné hier la nomination au poste de premier ministre du milliardaire Bidzina Ivanichvili, plus de trois semaines après la victoire de sa coalition aux élections législatives.

«Nous allons prendre soin de chaque individu, faire avancer les institutions démocratiques et établir un État de droit», a promis Ivanichvili, hier, devant les parlementaires.

Bidzina Ivanichvili était encore un inconnu, il y a un an, quand il s'est lancé contre toute attente en politique. Le nouveau premier ministre est pourtant un homme d'affaires qui a fait fortune dans les années 90 dans les banques, la pharmacie et l'immobilier en Russie.

Né dans un village à 150 km de Tbilissi, Bidzina Ivanichvili quitte la Géorgie pour la Russie en 1982. Il y accumule sa fortune et y passe près de 20 ans, avant de s'établir en France - il possède, selon Le Monde, une villa tropézienne et une résidence parisienne. Il retourne ensuite en Géorgie.

Il se défend bien d'être trop favorable à Moscou, ce dont l'ont accusé ses adversaires et le président Mikheïl Saakachvili au cours de la campagne électorale.

Une ouverture à la Russie

Hier, le nouveau premier ministre a confirmé qu'il voulait «lancer le dialogue» avec la Russie et normaliser les relations entre les deux pays, interrompues depuis le conflit de 2008, à l'issue duquel Moscou a reconnu unilatéralement l'indépendance de deux régions géorgiennes sécessionnistes et pro-russes, l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie.

«La priorité déclarée de notre équipe est d'aller vers l'intégration européenne et de devenir membre des structures euro-atlantiques», a répété Bidzina Ivanichvili.

Bidzina Ivanichvili, un philanthrope qui a financé de grands projets dans sa région natale, est aussi décrit comme un milliardaire excentrique. Sa maison est un palais de glace et d'acier que ne renierait pas James Bond, raconte un journaliste du Guardian, dans un portrait consacré à ce politicien hors norme. Des oeuvres d'art contemporain y sont exposées et sa propriété compte un jardin botanique, un zoo et un café qui peut accueillir jusqu'à 150 invités.

Des promesses particulières

S'il a choisi de se lancer en politique et de prendre la tête de la coalition Le rêve géorgien, c'est surtout en réaction aux dérives dictatoriales, selon lui, du président Saakachvili, porté au pouvoir lors de la révolution de 2003. «J'ai 56 ans. J'ai décidé de me lancer en politique à cause de notre gouvernement de style soviétique», a-t-il dit, avant son élection, au Guardian.

Si le président a fait savoir qu'il collaborerait avec un gouvernement d'opposition, les divisions restent marquées entre les deux camps. «Nous considérons que les promesses du Rêve géorgien sont irréalistes et populistes», a déclaré Giorgi Baramidze, député et ministre au sein du gouvernement sortant.

Bidzina Ivanichvili a renouvelé une promesse faite au cours de sa campagne: celle d'abandonner le pouvoir dans un an et demi, pour laisser le gouvernement aux mains de ses alliés de la coalition.

-Avec AFP, Reuters, Le Monde et The Guardian