La veuve d'un militaire français, tué par le djihadiste Mohamed Merah en mars dernier, a décidé de porter plainte contre les services de renseignement intérieur (DCRI) pour « homicide involontaire », a annoncé à l'AFP son avocat, Me Frédéric Picard.

Selon l'avocat de la veuve du caporal Abel Chennouf, le récent rapport rendu public par le ministère de l'Intérieur « a mis en évidence un relâchement de la DCRI dans la surveillance de Mohamed Merah ».

« Cette plainte pour homicide involontaire contre la DCRI vise à comprendre pourquoi cette surveillance s'est relâchée », a précisé Me Frédéric Picard, avocat de Caroline Chennouf et de sa famille.

Alors que Merah était connu depuis 2006 comme gravitant autour de la mouvance salafiste, sa fiche de surveillance est désactivée en 2010 de manière « inopportune », a estimé le rapport commandé par le ministre de l'Intérieur Manuel Valls à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN, la police des police)s.

Contrôlé en Afghanistan en 2010, il est de nouveau l'objet de l'intérêt des Renseignements intérieurs, mais son « débriefing », le 14 novembre 2011, est raté, selon le rapport, et il n'est plus surveillé en janvier 2012.

Pour Me Picard, une plainte contre la DCRI se justifie, car les services de renseignement « ont pu faire preuve de maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité », ce qui caractérise l'homicide involontaire.

Mohamed Merah, 23 ans, a assassiné dans le sud-ouest de la France trois militaires les 11 et 15 mars, puis trois enfants et un père de famille dans une école juive le 19 mars. Lors du long siège de son appartement qui devait conduire à sa mort le 22 mars, le jeune homme s'est revendiqué d'Al Qaïda.