Benoît XVI a annoncé mercredi par surprise un consistoire pour créer fin novembre six nouveaux cardinaux, tous non européens, ce qui rééquilibre légèrement la composition du collège chargé de l'élection du futur pape.

À l'issue de l'audience générale, le pape a révélé les noms des nouveaux élus venant des États-Unis, du Liban, d'Inde, du Nigeria, de Colombie et des Philippines.

Ce consistoire, convoqué le 24 novembre, permettra, après la mort de plusieurs cardinaux ces derniers mois, de porter à 120 le nombre d'électeurs d'un nouveau pape.

Cent-vingt est le nombre maximum d'électeurs (qui doivent avoir moins de 80 ans) selon une tradition instituée par le pape Paul VI.

Cette convocation est une surprise, car un consistoire était attendu pour l'an prochain. Il est annoncé par le pape, âgé de 85 ans, alors que 262 évêques du monde entier, qui manifestent concrètement l'universalité de l'Église, sont rassemblés à Rome pour un synode sur la « Nouvelle évangélisation ».

La décision de Benoît XVI d'anticiper le consistoire serait-elle due à des incertitudes sur sa santé ?, ont aussitôt spéculé les observateurs du Saint-Siège.

Le pape ne montre pas de problèmes de santé particuliers, répond à tous ses engagements, mais beaucoup de ceux qui l'approchent le trouvent vieilli et fatigué depuis quelques mois.

La création, lors du consistoire de février, de 22 nouveaux princes de l'Église, avec une écrasante majorité d'Européens - 16 - dont dix Italiens, avait suscité des critiques. La sélection de beaucoup de prélats de Curie avait été aussi regrettée.

L'Amérique latine, plus grand continent catholique du monde, n'avait eu qu'un nouveau cardinal.

La nouvelle répartition comprendra 62 Européens (contre 67 en février), 14 Nord-Américains, 21 Sud-Américains, 11 Africains, 11 Asiatiques.

Seront créés cardinaux : Mgr James Michael Harvey, préfet américain de la Maison pontificale, le patriarche des maronites, le Libanais Béchara Boutros Raï, l'archevêque de Trivandrum des Syro-Malankars, l'archevêque d'Abuja, Mgr John Olorunfemi Onaiyekan (Nigeria), l'archevêque de Bogota, Mgr Ruben Salazar Gomez (Colombie), et l'archevêque de Manille, Mgr Luis Antonio Tagle (Philippines). Tous ont moins de 80 ans.

Âgé de 72 ans, Béchara Raï, au nom de la principale communauté chrétienne du Liban, avait accueilli le pape à la mi-septembre au Liban, aujourd'hui gravement menacé d'une extension de la crise syrienne.

Mgr Onaiyekan, 68 ans, a pris des positions très fermes pour la paix et contre la vengeance après les attaques de la secte islamiste Boko Haram contre les églises chrétiennes du Nigeria. Il est aussi président du SECAM (symposium des conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar).

Mgr Tagle, âgé de 55 ans, avait été nommé archevêque de la capitale philippine il y a un an. Il s'était fait remarquer par la qualité de ses interventions lors d'un symposium sur les crimes pédophiles dans l'Église, organisé en janvier à l'Université jésuite Grégorienne à Rome.

Mgr Salazar Gomez, 70 ans, est depuis juillet 2010 archevêque de l'immense diocèse de Bogota.

Mgr Thottunkal, 53 ans seulement, un des représentants de l'Inde au synode, avait été nommé archevêque de Trivandrum en 2007. Un autre archevêque du sud de l'Inde, Mgr George Alencherry, avait déjà été créé cardinal au dernier consistoire de février.

Mgr Harvey, 63 ans, préfet de la Maison pontificale, sera nommé archiprêtre de la Basilique Saint-Paul Hors-les-Murs.

Il était à la tête de la Maison pontificale depuis 1998, où avait été embauché le majordome du pape Paolo Gabriele, condamné à 18 mois de prison pour vol de documents confidentiels.

Il s'agit du cinquième consistoire du pontificat de Benoît XVI. Il aura créé 90 nouveaux cardinaux.