Le pouvoir russe s'est félicité de la tenue «démocratique» et des «bons résultats» du parti au pouvoir aux élections locales de dimanche, alors qu'opposition et ONG dénonçaient irrégularités et fraudes à ce scrutin qui devait désigner notamment 5 des 83 gouverneurs.

Les élections se sont déroulées «de manière civilisée», a déclaré M. Medvedev. «Pour autant que je sache, personne n'a remarqué de quelconques irrégularités sérieuses», a-t-il ajouté. «Cela donne l'espoir qu'à l'avenir les élections se dérouleront de la même manière civilisée et démocratique».

Citant les premiers résultats donnés par la Commission électorale pour les régions d'Extrême-Orient, M. Medvedev s'est félicité des «bons résultats» du parti au pouvoir Russie unie.

«Tous attendaient un fiasco du parti après les élections de décembre», a-t-il encore déclaré. «Cela ne s'est pas produit», a encore déclaré M. Medvedev, ajoutant : «La démocratie ne nous fait pas peur».

Le scrutin de décembre 2011, avait été remporté avec près de 50% des suffrages par Russie unie, mais l'opposition et les observateurs avaient dénoncé des fraudes massives, et le scrutin avait suscité une mobilisation sans précédent lors de manifestations dans le pays.

De premiers résultats annoncés après la fermeture du scrutin à 20H00 locales à Kaliningrad, territoire le plus occidental de la Russie, ont accordé sans surprise une large victoire aux représentants du parti au pouvoir Russie unie.

À l'extrême-orient du pays, après dépouillement de 100% des bulletins le gouverneur sortant de la région de l'Amour, Oleg Kojemiako, membre de Russie unie, a été élu avec plus de 77% des voix.

Sur l'île de Sakhaline, où étaient élus les membres de l'assemblée locale, Russie unie l'a emporté avec 48% des voix, suivi du Parti communiste avec 18%, a indiqué la Commission électorale.

Des partis et représentants d'opposition, et une ONG d'observation électorale, ont cependant dénoncé de nombreuses fraudes présumées.

L'association russe Golos a fait état de plus d'un millier de signalements d'irrégularités, faits par ses correspondants ou des internautes.

Ces signalements, mentionnés sur une «carte des violations» interactive (https://kartanarusheniy.org/), font notamment état d'urnes non scellées, de votes multiples avec des papiers frauduleux, d'observateurs écartés.

La Commission électorale centrale a accusé l'association de falsifications.

«Les chiffres sur la carte de Golos sont manipulés artificiellement à des fins de provocation», a déclaré le vice-président de la commission, Leonid Ivliev.

La commission n'avait en fin d'après-midi enregistré que 55 plaintes.

Le Parti communiste a pour sa part dénoncé des fraudes «massives» notamment à Briansk (ouest), décrivant des «files de personnes votant avec des autorisations de vote hors de leur bureau, émises en masse la veille par les commissions électorales».

Vladimir Ryjkov, un des leaders du parti libéral Parnas, candidat à l'assemblée locale à Barnaoul (Altaï), a placé sur Facebook les immatriculations des véhicules utilisés selon lui pour transporter de bureau en bureau des groupes d'électeurs votant de nombreuses fois.

À Saratov (Volga), c'est le Parti libéral-démocrate LDPR qui a dénoncé les mêmes pratiques, affirmant que quatre autocars étaient utilisés dans la ville.

À Khimki, banlieue de Moscou au centre depuis des mois d'un bras de fer entre autorités et opposition, et où le maire devait être désigné dimanche, la candidate Evguenia Tchirikova, a fait état notamment de menaces contre les observateurs.

«Khimki, Briansk, Barnaoul, Saratov: nous pensions initialement que l'attention serait tellement grande qu'il n'y aurait pas de fraudes. Nous voyons maintenant qu'il n'y a aucune amélioration», a déclaré le directeur adjoint de Golos, Grigori Melkoniants.

Dans le collimateur du pouvoir russe depuis les législatives de décembre, l'association avait dénoncé dès avant le vote les conditions de la campagne électorale, marquée selon elle notamment par l'inégalité de traitement dans les médias et l'élimination de candidats par les autorités.

Les gouverneurs de régions n'étaient plus élus, mais désignés par le Kremlin depuis 2004.

Le principe de leur élection a été réintroduit l'hiver dernier face au mécontentement dans le pays, mais avec un système strict de sélection des candidatures par les assemblées locales.

Le parti au pouvoir Russie unie détient l'immense majorité des mandats locaux.

Des résultats complets sont attendus lundi matin.