La coalition d'opposition du milliardaire Bidzina Ivanichvili devançait le parti du président Mikheïl Saakachvili aux législatives lundi en Géorgie, selon les premiers sondages à la sortie des bureaux de vote, mais il était trop tôt pour connaître le vainqueur final.

Le parti au pouvoir et l'opposition ont l'un et l'autre proclamé leur victoire. «Nous avons gagné! Le peuple géorgien a gagné», a déclaré M. Ivanichvili dans un discours retransmis par la chaîne de télévision d'opposition TV9.

Peu auparavant, un porte-parole du parti au pouvoir, Chiora Taktakishvili, avait annoncé à la télévision que le Mouvement national unifié disposerait d'une «solide majorité dans le nouveau Parlement» dans ce pays du Caucase de 4,5 millions d'habitants.

«Notre politique étrangère restera inchangée, nous allons poursuivre notre chemin vers l'espace euro-atlantique, nous deviendrons sans aucun doute membre de l'OTAN», a lancé M. Ivanichvili sur la place de la Liberté, au coeur de Tbilissi, devant des milliers de ses partisans en liesse, tandis que les coups de klaxons d'automobilistes retentissaient sans cesse dans les rues.

Un sondage réalisé à la sortie des bureaux de vote pour les chaînes de télévision pro-pouvoir Roustavi-2 et Imedi donne au Rêve géorgien 51% des suffrages, contre 41% pour le Mouvement national unifié de M. Saakachvili.

Mais un autre sondage réalisé pour la télévision d'État place le Rêve géorgien de M. Ivanichvili et le parti de M. Saakachvili à égalité avec 33% des voix à la proportionnelle.

Cependant, les chiffres définitifs ne devraient pas nécessairement se refléter en nombre de sièges en raison d'un système complexe alliant scrutin majoritaire et proportionnel.

«Nécessaire» d'attendre les résultats définitifs

Le taux de participation était de 61%, selon la Commission électorale, qui devrait publier les premiers résultats tôt mardi matin.

L'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) présentera mardi ses conclusions préliminaires sur ce scrutin qui a été suivi par quelque 400 observateurs.

Le président Saakachvili a déclaré après l'annonce de ces premiers sondages qu'il était «nécessaire» d'attendre les résultats définitifs.

«Dans les mandats au scrutin majoritaire, c'est le Mouvement national unifié qui remporte la majorité», a déclaré M. Saakachvili à la télévision nationale.

Dans l'assemblée géorgienne, qui compte 150 députés, 73 sièges sont attribués au scrutin uninominal majoritaire à un tour et le reste des 77 sièges selon un scrutin de liste national proportionnel, avec un seuil de 5% des suffrages pour obtenir un mandat parlementaire.

Le Mouvement national unifié de M. Saakachvili, qui domine la vie politique en Géorgie depuis la «Révolution de la rose» en 2003, fait face à son plus grand défi depuis son arrivée au pouvoir dans l'ex-république soviétique.

La lutte politique s'est renforcée après la publication il y a deux semaines de vidéos de scènes de torture de détenus dans une prison de Tbilissi, qui a donné lieu à des manifestations dans le pays, mettant le parti au pouvoir dans une situation délicate.

«Les conditions d'un changement»

M. Ivanichvili, qui accuse M. Saakachvili de mettre en place un régime autoritaire, avait assuré plus tôt dans la journée que ces législatives permettraient un changement démocratique pour la première fois dans l'histoire du pays.

«La sagesse et l'expérience des Géorgiens ont créé les conditions d'un changement par des élections pour la première fois aujourd'hui», a-t-il dit.

Le milliardaire reproche aussi à M. Saakachvili d'avoir déclenché la guerre éclair avec la Russie de l'été 2008, en lançant une offensive contre le territoire séparatiste d'Ossétie du Sud. Des troupes russes se trouvent toujours sur ce territoire depuis le conflit, ainsi qu'en Abkhazie, autre région sécessionniste.

Ces législatives sont cruciales dans la mesure où des changements dans la Constitution vont accroître les pouvoirs du Parlement et du Premier ministre, et réduire ceux du président en 2013, année qui marquera la fin du second mandat de M. Saakachvili. Celui-ci n'a pas le droit de briguer un troisième mandat présidentiel.

Les États-Unis et l'Union européenne ont appelé à des élections libres et équitables dans ce pays qui veut rejoindre des institutions occidentales comme l'OTAN, au grand dam de la Russie.

Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a déclaré lundi que ces élections représentaient «un test déterminant» pour la démocratisation du pays.