L'opposante et ex-première ministre emprisonnée Ioulia Timochenko a appelé les Ukrainiens à «renverser» le régime «mafieux» du président Viktor Ianoukovitch lors des élections législatives du 28 octobre, dans une vidéo diffusée samedi par son parti.

Les autorités ukrainiennes ont aussitôt réagi en publiant leur propre vidéo montrant Mme Timochenko en train de protester avec véhémence contre le refus de la laisser recevoir ses visiteurs, et semblant vouloir démontrer qu'elle ne souffre pas du dos, comme elle l'affirme.

«Je veux m'adresser à tout le monde! Si vous ne comprenez pas maintenant que c'est la criminalité et la mafia qui règnent en Ukraine, rien ne pourra vous protéger après», a lancé l'opposante dans son enregistrement, exhortant ses compatriotes à «se lever et à renverser ce groupement criminel lors de ces élections».

L'opposante, qui ne semble rien avoir perdu de son énergie habituelle malgré plus d'un an d'incarcération, a encore accusé le chef de l'État d'avoir fait de sa vie en «enfer».

«Chaque jour ici, on exerce non seulement des pressions psychologiques, mais aussi physiques, chaque jour ici se transforme en enfer et c'est fait exprès, sciemment. C'est le plan de Ianoukovitch», a déclaré Mme Timochenko.

Sur cette vidéo longue d'environ deux minutes et filmée par un avocat de l'opposante sur son téléphone portable, on voit l'opposante assise, vraisemblablement dans un couloir de l'hôpital public de Kharkiv (est) où elle a été transférée en mai depuis sa prison en raison d'hernies discales. Un homme tente régulièrement de cacher l'objectif de la caméra.

«Peu importe ce qui est écrit dans les lois sur les droits de l'homme, cela n'a aucune importance pour la mafia de Ianoukovitch. Pour eux, seuls comptent l'enrichissement et la corruption qu'ils ont organisés en Ukraine», a encore martelé Mme Timochenko.

Quelques heures plus tard, le service pénitentiaire ukrainien a publié sa propre vidéo. Sur ces images filmées au même endroit, l'opposante frappe à la porte, d'abord debout, puis assise sur son déambulateur, menaçant de passer la nuit sur place si ses visiteurs ne sont pas autorisés à la voir.

Mme Timochenko enlève ensuite un de ses souliers à talons hauts -- alors que ses proches affirmaient dans le passé qu'elle a du mal à marcher en raison de fortes douleurs au dos - et l'utilise pour frapper à la porte. Un gros plan est effectué à un moment sur ses chaussures.

L'opposante purge une peine de sept ans de prison pour «abus de pouvoir» lorsqu'elle était première ministre tout en étant en procès pour de nouvelles accusations de détournements de fonds. Elle dénonce ces poursuites comme une vengeance personnelle de son adversaire Ianoukovitch.

Son affaire a provoqué une grave crise entre l'Ukraine et l'Occident, qui la considère comme politique.