Une semaine après avoir publié des caricatures du prophète Mahomet, le journal satirique français Charlie Hebdo diffuse aujourd'hui mercredi un numéro «responsable», sans dessin, pour se moquer des appels à la «responsabilité» qui lui ont été adressés.

Comme promis, Charlie Hebdo publie deux journaux distincts, l'un traditionnel, l'autre intitulé «Responsable».

La une du numéro «responsable» ne comporte pas de dessin comme à l'accoutumée, mais une case blanche et les simples mentions «Responsable» et «fini de rire».

Dans un éditorial en page 3 intitulé «L'apéro de la rédaction», l'hebdomadaire «responsable» présente ses excuses sur un ton ironique: «Afin de satisfaire (le ministre des Affaires étrangères) Laurent Fabius, (l'ancien ministre) Brice Hortefeux et (l'intellectuel musulman) Tarik Ramadan, Charlie Hebdo ne mettra plus "d'huile sur le feu" et ne sera plus jamais "irresponsable"».

«Charlie qui fut naguère un journal de caricature ne se souciant ni de politesse, ni de bon goût, ne fera plus preuve d'irrévérence à l'égard de l'islam et du prophète Mahomet», ajoute l'éditorial.

À chaque page, des quadrilatères blancs signés des habituels collaborateurs du journal, Wolinski, Riss, Tignous, Luz, Willem ou Riad Sattouf. Quelques titres coiffent des colonnes vides: «Prudence est mère de sûreté», «Le chômage, ce fléau», «Mamadou rentre au pays».

La double page centrale, «débat de la semaine», répond à la question délicate: «Fallait-il montrer les seins de la reine d'Angleterre» avec les réponses des philosophes Alain Finkielkraut (pour) et André Glucksmann (contre).

Le journal s'achève sur une enquête signée Laurent Léger intitulée «Les bons conseils de Bernard Arnault pour gagner des sous»: quatre colonnes vierges illustrées et trois cadres... blancs.

La couverture du numéro traditionnel, sous-titrée «journal irresponsable», montre un homme préhistorique inventeur de l'humour qui tient dans une main une calebasse d'huile et de l'autre une torche enflammée.

La publication par Charlie Hebdo de dessins sur la controverse créée par un film amateur islamophobe, dont deux représentent nu le prophète des musulmans, avait provoqué des manifestations à l'étranger et en France.