Les écologistes français viennent de voter contre la ratification du traité budgétaire européen, ce qui fragilise l'alliance de leur formation avec le camp socialiste, au moment où la popularité du président François Hollande diminue dans les sondages.

En réunion dimanche, les membres du conseil fédéral d'Europe écologie-Les Verts (EELV) ont rejeté à 70% le traité en question, qui prévoit l'imposition de cibles budgétaires sévères aux pays signataires, en contrepartie d'un accès possible à un fonds d'aide européen.

Malgré les appels à la solidarité des dirigeants socialistes du gouvernement, dans lequel EELV compte deux ministres, un nombre important de parlementaires écologistes devraient par conséquent voter non la semaine prochaine lorsque le texte sera soumis à l'Assemblée nationale.

Durant la campagne présidentielle, le chef d'État a dénoncé le contenu du traité et affirmé qu'il imposerait à tous les pays signataires un carcan budgétaire étouffant, sans apporter de soutien pour relancer les économies du continent.

Les pays européens ont accepté, après son arrivée au pouvoir, de réserver 100 milliards d'euros pour un plan de relance, mais cette somme est jugée largement insuffisante par de nombreux analystes.

Appel à la solidarité

Le premier ministre Jean-Marc Ayrault, en entrevue au site Mediapart, a convenu dimanche que le traité n'avait pas été revu. Mais l'ajout d'un plan de croissance, assorti au lancement d'une taxe sur les transactions financières et d'un projet d'union bancaire, marque, selon lui, un tournant suffisant pour permettre de l'adopter.

Le traité n'est pas «l'alpha et l'oméga», mais la «première étape d'une réorientation de l'Europe», a déclaré le chef du gouvernement, qui appelle depuis quelques semaines les membres du gouvernement, écologistes et socialistes, à faire preuve de solidarité.

La décision d'EELV est particulièrement embarrassante pour les deux ministres écologistes, Cécile Duflot et Pascal Canfin, qui excluent pour le moment la possibilité de démissionner.

En éditorial, le quotidien Le Monde a indiqué hier que le président devrait mettre fin aux fonctions des deux ministres «au nom de la cohérence de son action et du respect des électeurs».

Les socialistes disposent d'une majorité suffisante pour voter seuls l'adoption du traité, mais la tâche serait compliquée par le fait que l'aile gauche du parti est elle-même divisée sur le sujet. Plusieurs élus ont déjà mentionné qu'ils voteraient contre. La droite est par contre acquise à son adoption, ce qui rend le rejet pratiquement impossible.

Paradoxalement, plusieurs élus écologistes pourraient voter pour la «loi organique» qui suivra l'adoption du traité et formalisera ses cibles budgétaires, de manière à exprimer leur soutien au gouvernement.

Des hauts et des bas

Cette position alambiquée indispose le député écologiste européen Daniel Cohn-Bendit, qui a décidé de «mettre sa participation à EELV entre parenthèses» pour protester contre la «dérive gauchiste» de la formation.

«Ils veulent le beurre, l'argent du beurre et les beaux yeux de la fermière», a déclaré l'élu, qui jugerait plus cohérent pour les écologistes de se retirer du gouvernement.

La controverse à gauche survient au moment où la cote de popularité du président français connaît une chute marquée. Selon un sondage paru dimanche, le chef d'État a perdu 11 points en un mois. Selon le quotidien Le Figaro, il faut remonter à 2005, au moment du référendum sur le traité constitutionnel européen, pour retrouver une baisse mensuelle aussi importante.

L'entourage du dirigeant socialiste affirme que la grogne populaire est le reflet de l'importance des difficultés économiques du pays. Le principal intéressé demeure philosophe et prétend «qu'il y a dans un mandat des hauts et des bas».

La droite affirme de son côté que François Hollande «paie l'addition» pour avoir fait croire aux Français qu'il pourrait en un tournemain rétablir la situation de la France tout en rejetant le traité budgétaire.