La police grecque a annoncé lundi qu'elle privait de garde policière les 18 députés néonazis d'Aube dorée du fait de leur comportement délictueux, entamant le premier bras de fer officiel avec cette formation.        

Cette mesure a été prise « suite à l'annonce par le parti qu'il va continuer les actes violents et d'usurpation d'autorité (...), pour éviter à des policiers de devoir couvrir des délits et être confrontés à un conflit de devoirs », a indiqué dans un communiqué la direction de la police.

Ce coup de semonce intervient après une opération commando de militants néonazis, dont deux députés, contre des vendeurs ambulants immigrés vendredi à Rafina, une localité balnéaire proche d'Athènes.

La police avait ouvert samedi une enquête pour « usurpation d'autorité » et « atteintes à la propriété » contre ces activistes, qui avaient procédé à des contrôles de papiers d'identité au faciès sur des vendeurs paraissant étrangers, puis saccagé leurs étals.

Aube Dorée a posté sur son site une vidéo de l'opération, accusant la police d'inefficacité face au commerce au noir et aux ventes de contrefaçons.

« Le ministère de l'Ordre public rappelle à tous que la police est responsable de l'application de la loi » et a ordonné le renvoi en justice de ceux tentant de s'y substituer, a ajouté le communiqué policier. Le chef de la police locale, qui n'avait pas réagi au raid, a aussi été placé en disponibilité pour inertie.

Après des années d'incurie officielle face à l'extrémisme de droite et à la généralisation d'agressions xénophobes, dont une fatale à un jeune Irakien en août à Athènes, le ministre, Nikos Dentias, avait récemment mis en garde qu'il ne tolérerait pas « des sections d'assaut », en référence à la formation paramilitaire hitlérienne SA.

« Nous mènerons l'assaut » quand jugé nécessaire, lui a rétorqué vendredi en plein Parlement, un des élus néonazis.

Nombre d'organisations internationales, dont le Conseil de l'Europe et le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), ont appelé Athènes à réagir à la menace néonazie, après l'irruption au Parlement d'Aube dorée avec 7 % des voix lors des élections du printemps dernier, dans un contexte de grave crise sociale et économique.