Le président français François Hollande, à la popularité en chute, a rejeté dimanche avec vigueur les critiques sur son inaction, annonçant un futur «agenda du redressement» sur deux ans - avec des hausses d'impôts - et promettant une baisse du chômage d'ici un an.

«Je sais où je vais», a-t-il assuré lors d'une intervention sur la chaîne de télévision privée TF1. «Mon cap c'est un quinquennat: c'est pas 4 mois, c'est pas un mois, c'est 5 ans».

«Je vais fixer un agenda du redressement: deux ans», a-t-il dit. «Deux ans pour à la fois mettre en oeuvre une politique pour l'emploi, pour la compétitivité et le redressement des comptes publics».

L'enjeu de cette intervention était pour François Hollande de convaincre qu'il est bien l'homme du «changement maintenant» - son slogan de campagne - et non celui de «l'immobilisme», comme l'en accusent la droite et la presse y compris de gauche.

Inquiète d'un taux de chômage qui ne cesse d'augmenter (près de 10%) sur fond de plans sociaux dans l'industrie, et angoissée par une croissance atone dans une Europe gagnée par le marasme (de la récession en Italie et en Espagne au ralentissement en Allemagne), l'opinion est devenue impatiente et la baisse de popularité du président inédite à peine quatre mois après son élection.

Depuis son entrée en fonctions, «le gouvernement n'a pas perdu son temps. Il a agi et rapidement», a rétorqué François Hollande se justifiant en évoquant «un chômage élevé, une compétitivité dégradée, des déficits considérables, un endettement historique».

Dans ce contexte, il a comme prévu demandé des efforts aux Français.

Pour boucler le budget 2013 avec l'objectif de réduction des déficits publics à 3% du PIB pour respecter les engagements européens, le président a annoncé 20 milliards d'euros de hausses d'impôts l'an prochain, une augmentation sans précédent depuis 30 ans qui concerne pour moitié les ménages et pour moitié les entreprises.

Le projet de loi de finances 2013 sera fait en fonction d'une prévision de croissance «réaliste», à savoir «sans doute 0,8%», a-t-il expliqué; et l'État ne dépensera pas «un euro de plus en 2013 qu'en 2012», a-t-il promis.

Dans le même temps, il s'est fixé pour objectif d'«inverser la courbe du chômage d'ici un an».

Il y a «des inquiétudes», avec trois millions de chômeurs, mais «il y a d'ores et déjà une bataille qui est engagée», a-t-il dit, citant notamment des emplois d'avenir qui doivent concerner 100 000 jeunes en 2013.

François Hollande a aussi assuré que sa promesse emblématique de campagne d'instaurer une taxe exceptionnelle de 75% sur les revenus dépassant 1 million d'euros ne souffrirait «pas d'exception». Il a toutefois précisé qu'elle serait limitée dans le temps, prenant place dans l»'agenda du redressement» sur deux ans qu'il se fixe.

Avec cette taxe, qui ne devrait concerner que «2 à 3000 personnes, il s'agit de «donner valeur d'exemple», a-t-il expliqué.

Le débat sur la justesse de cette mesure a été relancé samedi par la révélation d'une demande de naturalisation déposée à Bruxelles par le plus riche des Français, le patron de l'empire du luxe LVMH, Bernard Arnault.

«Il aurait dû bien mesurer ce que signifie demander une autre nationalité, parce que nous sommes fiers d'être Français», a commenté avec sévérité François Hollande

Au final, signifiant qu'il avait entendu les six Français sur dix qui estiment qu'il ne va «pas assez loin» dans les réformes selon un sondage BVA publié dimanche, le président a résumé: «Vous me dites: il faut accélérer. J'accélère».

Pour les reconquérir, il devait aussi convaincre sur son style. Car pour les analystes politiques, l'effritement de sa popularité s'explique également par le contraste entre l'image de «président normal» qui n'annonce pas une mesure par jour sur laquelle il a été élu, et celle de «l'hyper-président» Nicolas Sarkozy au rythme effréné.

Dimanche soir, François Hollande a promis d'assumer «toute la responsabilité» de l'action menée et de venir «s'expliquer régulièrement devant les Français».

Sans surprise, la droite a jugé son intervention avec sévérité. Valérie Rosso-Debord, une des responsables du parti conservateur UMP a raillé le fait qu'«en 100 jours, les socialistes ont fait un agenda».