L'ex-président français Nicolas Sarkozy, demeuré plutôt discret depuis sa défaite contre François Hollande, connaît un surprenant retour en grâce alors que son successeur voit sa popularité tomber en flèche.

Plusieurs de ses anciens collaborateurs, par stratégie ou conviction, vont même jusqu'à évoquer son retour éventuel à la tête de l'État alors que s'engage au sein de son parti une lutte de succession potentiellement fratricide.

«Si un jour, il décide de revenir, alors, nous serons là», assure l'ancienne ministre Nadine Morano, qui a participé il y a quelques semaines à Nice au lancement de l'Association des amis de Nicolas Sarkozy.

Casquettes, t-shirts et autres articles en l'honneur du politicien étaient en vente lors de l'évènement, qui s'est déroulé en l'absence du principal intéressé.

Les candidats à sa succession au sein de l'UMP rivalisent de commentaires élogieux à son égard dans l'espoir de se positionner comme son héritier politique et de capter le capital dont il dispose parmi les sympathisants de droite.

«Dans la campagne qui commence, il n'y a pas un jour qui passe où je ne pense pas à Nicolas Sarkozy», a notamment déclaré l'actuel secrétaire général du parti, Jean-François Copé, qui s'est assuré l'appui du fils du président, Jean Sarkozy.

L'ex-premier ministre François Fillon assure pour sa part que l'ancien président aura «toujours sa place» dans son coeur et celui des militants et insiste sur leur longue cohabitation au pouvoir.

Un politologue, Thomas Guénolé, a assuré il y a quelques jours au quotidien La Croix que Nicolas Sarkozy pourrait «certainement» être désigné pour représenter la droite en 2017 parce que la relation affective qu'il entretient avec les militants du parti demeure «très forte».

Des médias se mettent aussi de la partie en revisitant le bilan du président sortant. «Et si Sarkozy avait raison?», a notamment demandé l'hebdomadaire L'Express dans sa dernière publication. Ce qui fait dire à l'ancien secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant, que son ami de longue date « revient en odeur de sainteté «.

Pour François Hollande, qui a vu sa cote de popularité chuter de 10 points en août, la dynamique est tout autre. Aux critiques prévisibles de la droite s'ajoutent les assauts de médias de gauche qui le pressent de passer à l'action en l'apostrophant avec des titres à l'emporte-pièce.

«Hollande, secoue-toi, il y a le feu!», souligne l'hebdomadaire Marianne, qui a beaucoup usé de formules-chocs contre l'ancien président. Le directeur du site Mediapart, Edwy Plenel, écrit pour sa part que le début de mandat du dirigeant socialiste est à la fois «désespérant», «insipide» et «illisible», notamment parce qu'il ne se distancie pas suffisamment de la droite sur les questions économiques.

Tant la montée en popularité de Nicolas Sarkozy que la baisse de François Hollande constituent, aux yeux du chroniqueur politique Alain Duhamel, l'expression d'une forme de «nostalgie du bonapartisme», du nom de l'ancien empereur français.

Alors que les présidents de droite font normalement l'objet d'une période de «désamour rancunier» en cas de défaite électorale, le chef d'État sortant profite, selon lui, «de la demande d'autorité, d'ordre, d'énergie, de combativité et de volontarisme offensif qui affleure» actuellement en raison de la crise économique.

Un courant fortement majoritaire au sein de l'opinion, y compris à gauche, souhaite aujourd'hui un président «plus visiblement autoritaire», compliquant la tâche de François Hollande.

«On réclame de l'audace, du mouvement, de l'offensive et une détermination théâtralisée. (...) La guerre économique militarise le pouvoir politique», souligne M. Duhamel.

Le journaliste Laurent Calixte, de la revue Challenges, pense que le malaise actuel s'explique par le fait que la population, et les médias, ont été habitués avec Nicolas Sarkozy à un style de gestion «flashy», où les interventions se bousculaient. Une forme d'agitation qui fait contraste avec la «normalité» revendiquée par le dirigeant socialiste.

Le chroniqueur Bruno-Roger Petit, du Nouvel Observateur, prévient dans la même veine que «ce n'est pas en faisant du Nicolas Sarkozy que François Hollande remontera dans les sondages».