Une fillette de 7 ans, blessée dans la tuerie qui a décimé sa famille britannique dans les Alpes françaises, reste le seul «témoin-clef» sur lequel comptent les enquêteurs pour obtenir une description du ou des tueurs, sa soeur de 4 ans n'ayant «rien vu» du massacre.

Zeena, l'enfant de 4 ans qui avait été retrouvée indemne sous le corps de sa mère morte, «a entendu mais n'a rien vu» du drame, a déclaré vendredi le procureur en charge de l'affaire, Eric Maillaud. Elle a raconté qu'elle était bien en voiture avec son «papa», sa «maman» et «sa soeur». Mais les propos de cette toute petite fille n'ont «rien» pu apporter à l'enquête, a-t-il dit.

Zainab, l'enfant de 7 ans qui avait reçu «des coups extrêmement violents à la tête» et une balle dans l'épaule, restait vendredi «en coma artificiel» pour «permettre au corps de récupérer», selon le procureur.

«Témoin-clef», elle pourrait «donner des descriptions» du ou des meurtriers, a-t-il dit, tout en soulignant que les médecins n'avaient pas encore donné leur «feu vert» pour qu'elle soit entendue par les enquêteurs.

Zeena, elle, devrait retourner prochainement en Grande-Bretagne.

Il est désormais «certain», selon le magistrat, que les morts sont les membres de la famille britannique al-Hilli.

Le père, Saad, né en Irak et qui vivait depuis de nombreuses années en Grande-Bretagne, est «totalement inconnu, en matière de terrorisme et d'anti-terrorisme, des services de renseignement spécialisés» français et britanniques, a souligné le procureur.

Les autopsies des victimes, qui ont toutes reçu au moins une balle dans la tête, ont commencé vendredi après-midi et pourraient permettre de dire s'il y avait un ou plusieurs tueurs.

Près de 25 douilles ont été retrouvées sur les lieux, «ce qui pourrait laisser croire qu'il y avait deux tireurs», a expliqué à l'AFP une source policière. «Il y a trop de victimes pour qu'il n'y ait qu'un seul tireur, ou alors quelqu'un de très très bien entraîné», a également jugé un spécialiste.

Le procureur a par ailleurs évoqué les véhicules qui pourraient avoir été ceux du ou des tueurs. Le premier témoin arrivé sur place après la fusillade, un cycliste britannique, a «vu descendre un 4X4 de couleur verte». «Il aurait vu aussi une motocyclette, rien d'autre», a-t-il relevé.

«Totalement inconnu» des services

Saad al-Hilli, 50 ans, était domicilié avec sa femme et ses deux petites filles dans la grande banlieue sud de Londres, dans le comté du Surrey.

Le procureur a confirmé que le frère de Saad al-Hilli, avec qui il pourrait avoir eu une dispute «à propos d'argent», s'était présenté spontanément à la police britannique et avait déclaré n'avoir «aucun conflit» avec son frère.

Les enquêteurs français, qui ont entamé vendredi une coopération officielle avec la police britannique, travaillent sur toutes les pistes à ce stade de l'enquête, des «plus crapuleuses» au «drame familial».

Deux juges d'instruction, Michel Mollin et Christine de Curraize, ont été désignés pour cette affaire. Un gendarme a été envoyé vendredi en Angleterre et d'autres devraient suivre.

Trois jours après le quadruple crime, les habitants de Chevaline restaient sous le choc. «Il ne se passe jamais rien ici, alors là, nom d'un chien!», s'exclame un villageois de cette bourgade de 200 habitants. «Ici, il y a plus de vaches que d'habitants», renchérit un autre. «C'est le bout du monde ici, il n'y a personne», confirme la tenancière d'un bar.

Le lieu du crime était plutôt connu jusqu'à présent comme le point de départ de balades dans la nature faciles à faire avec des enfants.

L'enquête se déroule sous très forte pression médiatique. L'accès à la zone où a été découverte mercredi la voiture de Saad al-Hilli a été rouverte vendredi, et, depuis, chaque caillou ensanglanté, trace de pneu ou débris de verre a été scruté par des dizaines de caméras.