La Cour de cassation ukrainienne a confirmé mercredi la condamnation à sept ans de prison pour abus de pouvoir de l'ex-première ministre Ioulia Timochenko, l'Union européenne se déclarant « profondément déçue » par l'issue de cet ultime recours en Ukraine.        

« Le collège des juges est arrivé à la conclusion que le pourvoi en cassation de Timochenko ne peut être satisfait », a déclaré le président de la haute juridiction, Oleksandr Elfimov, rejetant ainsi le pourvoi de l'opposante incarcérée depuis un an.

Mme Timochenko avait été condamnée en octobre dernier à sept ans de prison pour abus de pouvoir dans la signature d'un contrat gazier avec la Russie jugé désavantageux pour le pays du temps où elle était chef du gouvernement.

Cette affaire a provoqué une grave crise dans les relations entre Kiev et l'Occident, qui dénonce l'arrière-plan politique de l'affaire et réclame la libération de l'opposante, empêchée de se présenter aux législatives du 28 octobre.

L'Union européenne est « profondément déçue des conséquences de la situation actuelle » en Ukraine où d'importantes figures de l'opposition sont « empêchées de se présenter aux élections parlementaires à la suite de procès qui n'ont pas respecté les normes internationales en matière de procédures équitables, transparentes et indépendantes », a déclaré le porte-parole chargé des Affaires étrangères de l'UE, Michael Mann.

L'UE exhorte « les autorités ukrainiennes à prendre des mesures concrètes » pour « s'attaquer aux effets de la justice sélective, y compris dans les cas de Mme Timochenko, de (l'ex-ministre de l'Intérieur, Iouri) Loutsenko et d'autres », a souligné M. Mann.

Pour protester contre le maintien en détention de Mme Timochenko, plusieurs gouvernements européens, notamment français, britannique et allemand, avaient refusé d'envoyer des représentants aux matchs de soccer de leurs équipes nationales en Ukraine, à l'Euro-2012 co-organisé en juin-juillet avec la Pologne.

Ioulia Timochenko conteste le jugement qu'elle a toujours dénoncé comme une vengeance politique du président Viktor Ianoukovitch, élu en 2010, tandis que ce dernier nie toute implication et fait valoir l'indépendance de la justice.

« Nous poursuivons la lutte »

L'un des avocats de l'opposante, Sergui Vlassenko, a qualifié de « honteux » l'arrêt rendu par la Cour de cassation.

« Ce n'est pas une décision de justice, mais une décision de Ianoukovitch pour maintenir en détention sa principale opposante politique », a déclaré l'avocat à l'issue de l'audience.

Après avoir épuisé tous les recours en Ukraine, Ioulia Timochenko espère désormais une décision positive de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) qui a entamé mardi l'examen de l'affaire et se prononcera ultérieurement.

La fille de Mme Timochenko, Evguenia, a déclaré mercredi que des éléments complémentaires seraient envoyés à la CEDH à Strasbourg (France).

« Nous poursuivons la lutte. Nous allons chercher à obtenir justice auprès de cette instance, car ce n'est pas possible devant les juridictions ukrainiennes », a-t-elle ajouté.

Souffrant de hernies discales, Mme Timochenko avait été transférée en mai de sa prison à Kharkiv (est), dans une clinique publique.

Depuis sa mise en détention il y a un an, des sympathisants de Mme Timochenko ont multiplié les manifestations, aussi bien devant le palais de justice que devant la prison où elle purge sa peine.

Mercredi, une centaine d'opposants pro-Timochenko ont manifesté devant le bâtiment de la Cour de cassation à Kiev, exhibant des pancartes « Libérez Ioulia! » et appelant à « la fin de la répression politique ».

L'opposante est par ailleurs poursuivie pour fraude fiscale et détournements de fonds, accusations qu'elle nie en bloc, dans un autre procès dont les faits remontent aux années 1990.