Sept policiers ont péri dimanche dans un attentat suicide en Ingouchie, au lendemain d'une fusillade dans une mosquée au Daguestan qui a fait un mort, des attaques témoignant d'une flambée de violences dans le Caucase russe à l'occasion de la fin du ramadan.

Dimanche matin, un kamikaze a commis un attentat suicide pendant des funérailles dans une maison située dans le district de Malgobek, dans le nord de l'Ingouchie, a annoncé le comité d'enquête dans un communiqué.

«Sept policiers sont morts, et 15 personnes ont été blessées», a déclaré à l'AFP un porte-parole du ministère local des Situations d'urgence, ajoutant que des vérifications étaient en cours pour savoir si tous les blessés étaient des policiers.

Un précédent bilan faisait état de six policiers tués, en plus du kamikaze.

Les victimes s'étaient rendues aux funérailles d'un de leurs collègues, Ilez Koriguov, tué par balle la veille au soir.

Le président d'Ingouchie, Iounous-Bek Evkourov, a déclaré dans un communiqué que l'attentat à la bombe était «lié directement au meurtre d'Ilez Koriguov», et était «un acte prémédité par des gens qui savaient que tous ses collègues viendraient dire adieu à leur camarade».

M. Evkourov a par ailleurs indiqué sur la radio Echo de Moscou que les autorités en connaissaient déjà les auteurs. Il les a qualifiés d'incroyants qui «se protègent derrière le nom de Dieu», soulignant que pour eux «les fêtes religieuses n'existent pas».

Cette attaque intervient le jour de la fête de fin du ramadan, l'Aïd el-Fitr, connue en Russie sous le nom d'Ouraza baïram.

La veille au soir, deux hommes masqués avaient ouvert le feu dans une mosquée chiite au Daguestan, une république voisine, faisant un mort et sept blessés.

«Il y avait huit blessés, l'un d'entre eux est mort», a déclaré à l'AFP une employée de l'hôpital central de Khassaviourt.

Les autres blessés sont toujours hospitalisés, l'un d'entre eux est toujours en service de réanimation, a-t-elle ajouté.

Selon le comité d'enquête, les deux auteurs de la fusillade se sont enfuis, en laissant «près de la mosquée un sac contenant une bouteille de gaz remplie d'explosifs», qui a été désamorcée.

Pour le politologue Alexeï Makarkine, les attaques menées à l'occasion de fêtes religieuses sont le fait d'islamistes qui veulent faire preuve de zèle religieux.

«Ils estiment qu'ils tuent des ennemis ou des renégats, et si cela a lieu pendant une fête, ils pensent qu'ils font ce jour-là quelque chose de bien», a-t-il déclaré sur Echo de Moscou.

Juste avant le début du ramadan, le mufti modéré du Tatarstan, république de Russie centrale de tradition musulmane, avait été blessé dans un attentat et son adjoint tué par balle, ce qui avait été interprété par le président russe Vladimir Poutine comme «un signal sérieux» pour l'ensemble du pays.

La Russie lutte contre une insurrection islamiste intense dans le Caucase, principalement au Daguestan et en Ingouchie, des régions régulièrement touchées par des attaques que les autorités imputent à des militants cherchant à établir un État islamique dans le Caucase russe.

Moscou peine toujours à juguler ces violences, qui se produisent parfois hors de la région du Caucase du Nord. La rébellion a notamment revendiqué le double attentat suicide de mars 2010 dans le métro de Moscou (40 morts) et celui de l'aéroport Moscou-Domodedovo en janvier 2011 (36 morts).