L'Équateur a décidé d'accorder l'asile politique au fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, réfugié depuis deux mois dans son ambassade à Londres, a annoncé jeudi le ministre équatorien des Affaires étrangères, Ricardi Patiño.

Le Royaume-Uni n'autorisera toutefois pas M. Assange à quitter libre l'ambassade d'Équateur, selon une note publiée jeudi par le Foreign Office après une réunion la veille avec des membres du gouvernement équatorien à Quito.

«Nous devons être absolument clairs sur le fait que, si nous recevons une demande de sauf-conduit pour M. Assange après qu'il a obtenu l'asile politique (de l'Équateur), ce sera refusé, conformément à nos obligations légales», indique cette note confidentielle, dont le gouvernement équatorien a déjà fait état mercredi soir.

Julian Assange, 41 ans, a épuisé tous les recours juridiques au Royaume-Uni contre le mandat d'extradition lancé par la Suède, où il est accusé de viol et d'agression sexuelle. Il est réfugié depuis le 19 juin à l'ambassade de l'Équateur à Londres, où il a demandé l'asile politique, pour éviter son extradition.

L'Équateur avait dénoncé mercredi, à la suite de la réunion avec le chargé d'Affaires britannique, la «menace» des autorités britanniques de lancer un assaut contre son ambassade.

Dans sa note, le Foreign Office fait valoir qu'une loi de 1987 l'autorise à lever le statut diplomatique de l'ambassade «pour agir et arrêter M. Assange dans l'enceinte diplomatique».

La note souligne toutefois que Londres reste «engagé» dans la recherche d'une solution et pense «qu'une déclaration commune (des deux gouvernements) et une reddition volontaire de M. Assange sont la meilleure solution».

Quito avait réagi mercredi soir avec vigueur, jugeant «inadmissible» la position britannique.

«Une entrée non autorisée dans l'ambassade d'Équateur serait une violation flagrante de la convention de Vienne» sur les missions diplomatiques, avait déclaré le ministre équatorien des Affaires étrangères Ricardo Patino.

La Suède rejette les «accusations» de l'Équateur

Lors d'une conférence de presse à Quito jeudi, le ministre des Affaires étrangères de l'Équateur, Ricardo Patiño, a indiqué que son pays accordait l'asile politique à M. Assange de peur qu'il soit extradé aux États-Unis, mais également que les droits de la défense ne soient pas respectés en Suède. 

M. Patiño a également affirmé que Stockholm avait rejeté une demande de l'Équateur, qui voulait que M. Assange soit interrogé par les juges suédois dans les locaux de l'ambassade de l'Équateur à Londres. 

La Suède rejette «fermement toute accusation» selon laquelle sa justice ne garantit pas les droits de la défense, a déclaré jeudi le ministre des Affaires étrangères Carl Bildt, après des déclarations en ce sens de l'Équateur. «Notre système juridique et constitutionnel solide garantit les droits de tout un chacun», a déclaré M. Bildt sur son compte Twitter.

M. Assange redoute d'être extradé par la Suède vers les États-Unis pour y répondre d'espionnage, après la divulgation par son site internet de 250 000 télégrammes diplomatiques américains.