Le patriarche de l'Eglise orthodoxe russe Kirill arrive jeudi en Pologne pour une visite historique qui risque d'être troublée par le verdict dans le procès du groupe Pussy Riot, jugé pour une «prière» anti-Poutine à la cathédrale de Moscou.

Lors de cette visite de quatre jours, la première jamais effectuée par un patriarche de Russie dans la très catholique Pologne, le chef de l'Eglise orthodoxe russe doit signer vendredi avec le chef de l'Eglise catholique polonaise, Mgr Jozef Michalik, un appel inédit à la réconciliation polono-russe.

La signature de l'appel coïncidera avec le verdict à Moscou des Pussy Riot. Les trois chanteuses, Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, en détention depuis cinq mois, sont jugées avec le consentement du patriarche et risquent trois ans de camp.

Une «journée de soutien» aux trois jeunes femmes est attendue vendredi dans plusieurs villes européennes. A Varsovie, des organisations féministes ont annoncé une manifestation et une marche devant l'ambassade de Russie.

Invité officiellement par le chef de l'Eglise orthodoxe polonaise, Mgr Sawa, le patriarche Kirill doit rencontrer le président Bronislaw Komorowski, les députés et les sénateurs.

Le volet religieux de son séjour prévoit une visite à Grabarka (est), le haut-lieu du culte orthodoxe en Pologne, pays de 38,2 millions d'habitants dont un demi-million d'orthodoxes, selon les statistiques officielles.

Les relations difficiles que la Pologne et la Russie ont entretenues tout au long de leur histoire, avec la domination russe sur une bonne partie de la Pologne au XIXe siècle et les 50 ans de communisme imposé par Moscou, comprennent également de nombreux conflits entre orthodoxes russes et catholiques polonais.

Selon une source proche de l'Eglise polonaise, le patriarche Kirill et Mgr Michalik appelleront notamment à «prier Dieu pour obtenir le pardon des torts, des injustices et des maux infligés réciproquement».