Des affrontements ont opposé une centaine de jeunes et les forces de l'ordre dans des quartiers populaires d'Amiens, dans le nord de la France, dans la nuit de lundi à mardi, lors desquelles seize policiers ont été blessés.

Le président François Hollande a promis de mettre en oeuvre «tous les moyens de l'État» pour lutter contre les violences.

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls devait se rendre à Amiens en début d'après-midi. Il a également déclaré que «la République et l'État de droit ne peuvent pas accepter» ces violences.

Selon la préfecture de la Somme, une centaine de jeunes rassemblés dans le quartier d'Amiens-Nord - l'une des quinze zones de sécurité prioritaire ciblées par le gouvernement - ont commencé lundi soir «à harceler les forces de l'ordre venues sécuriser le quartier après des heurts dimanche soir».

Les policiers ont été blessés par des tirs de chevrotine et de mortier de feux d'artifice et des jets de projectiles, lors de ces affrontements qui se sont poursuivis jusqu'à 04H00 (02H00 GMT).

Les forces de l'ordre ont répliqué avec des gaz lacrymogènes et des tirs de balles en caoutchouc sans faire de blessé, a ajouté la préfecture.

Le quartier d'Amiens-Nord est régulièrement touché par des incidents, «mais jamais de cette gravité, avec trois bâtiments publics en partie détruits», a indiqué la préfecture.

Trois vols de voiture avec violences ont eu lieu dans la nuit, selon la préfecture. Une dizaine de véhicules et une soixantaine de poubelles ont été incendiés et les vitres d'un poste de police du quartier ont également été brisées.

Le maire d'Amiens, Gilles Demailly (PS), a évoqué une «scène de désolation», avec des bâtiments publics touchés «pour la première fois», dont une école maternelle en partie incendiée et complètement saccagée et un centre sportif complètement détruit.

Selon lui, les dégâts vont se chiffrer «en millions d'euros».

«Pour moi, c'est l'anéantissement. Je ne sais pas quoi dire, il n'y a pas de mots pour exprimer ce qu'on ressent quand on arrive sur son lieu de travail et que tout est anéanti», a réagi Sylvie Ramet, directrice de l'école incendiée, sur la chaîne de télévision BFM-TV.

«Cela fait des mois que je réclamais des moyens car la tension montait dans le quartier», a ajouté le maire.

Ces incidents font suite à des heurts dimanche entre des habitants du quartier et la police, qui procédait au contrôle routier d'un automobiliste ayant une conduite dangereuse.

Cette intervention a été jugée excessive par certains riverains, alors que la famille et les proches d'un jeune homme de 20 ans, mort jeudi après un accident de moto, étaient réunis à proximité pour une cérémonie de deuil.