Cent jours après son élection, François Hollande a coché nombre de cases sur la longue liste de ses promesses électorales, mais la rentrée du président «normal» s'annonce hors normes: chômage record, récession menaçante, crise syrienne...

Le chef de l'État doit encore convaincre les Français qu'il est l'homme de la situation. Un sondage Ifop pour Le Figaro a jeté un froid samedi. 54% des sondés sont insatisfaits de son action même si 57% lui savent gré de tenir ses engagements de campagne.

Pour l'avenir, 40% seulement des Français font confiance à François Hollande et au gouvernement pour trouver des solutions à la crise de la zone euro. Scepticisme encore plus fort sur le rétablissement des Finances publiques, la lutte contre le chômage, la désindustrialisation, l'immigration clandestine ou l'insécurité.

Un terrain que le chef de l'État n'entend pas abandonner, même en vacances au Fort de Brégançon (Var). Après une visite impromptue samedi à Grenoble au chevet des victimes d'un braquage ultra-violent, il rencontre mardi les gendarmes de Pierrefeu-du-Var, qui avaient perdu deux des leurs -deux jeunes femmes tuées par balles- le 17 juin.

En vacances depuis le 2 août, François Hollande, qui a fêté dimanche ses 58 ans, regagnera l'Élysée au plus tard le 21, à la veille du Conseil de ministre de rentrée.

De nombreux dossiers attendent son arbitrage et celui du premier ministre Jean-Marc Ayrault. Les contours de la tranche d'impôt à 75% sur les très hauts revenus, proposition marquante de sa campagne, restent à préciser. Le blocage des prix des carburants, repartis à la hausse, se fait attendre et le doublement du plafond du livret a fait débat... La ratification du traité budgétaire UE promet de vives polémiques.

Le gros morceau de la rentrée sera le bouclage du budget 2013. La Cour des comptes évaluait à 33 milliards d'euros début juillet le montant de l'effort nécessaire pour que la France reste dans les clous de ses engagements budgétaires européens l'an prochain. Mais la situation économique s'est encore dégradée depuis: chômage qui flirte avec la barre symbolique des 10%, kyrielle de plans sociaux, et une entrée en récession annoncée pour l'automne par la Banque de France.

Le chef de l'État affronte la bronca de l'UMP qui a profité de la torpeur estivale pour éreinter sa politique étrangère et l'accuser d'«attentisme» dans le dossier syrien. François Hollande a répondu en filigrane samedi, évoquant la «recherche obstinée» d'une solution politique en Syrie. Mais François Fillon est revenu à la charge, l'exhortant dans Le Figaro lundi à prendre l'avion pour convaincre Vladimir Poutine de faire plier Assad.

Élue sur le thème du changement, la nouvelle majorité a, après trois mois au pouvoir, largement tourné la page Sarkozy. Abrogée la «TVA sociale», avant même d'être entrée en vigueur. Largement réduites, les défiscalisations d'heures supplémentaires, symboles du «travailler plus pour gagner plus». Soumis à contribution exceptionnelle, l'ISF. Alourdis, les droits sur les grosses successions...

L'allocation de rentrée scolaire et le SMIC revalorisés, la retraite à 60 ans pour les carrières longues, le plafonnement des rémunérations des grands patrons du public, l'encadrement des loyers... Autant de mesures mises en oeuvre sans tarder.

Selon le sondage du Figaro, les Français plébiscitent à 82% la réduction du traitement du président et des ministres et ils sont 75% à approuver le retrait anticipé des combattants français d'Afghanistan.