Un nouveau bilan officiel a fait état de 22 morts dans des affrontements entre armée turque et rebelles kurdes dans le sud-est de la Turquie près de la frontière avec l'Irak, selon le gouverneur local dimanche cité par l'agence Anatolie.

Six soldats, deux gardes de village et 14 combattants kurdes ont été tués, et 15 autres soldats blessés, dans une attaque kurde sur un poste de l'armée situé dans un village de la province d'Hakkari, selon le dernier bilan officiel.

Trois femmes figurent parmi les victimes des soldats turcs, a précisé le gouverneur Orhan Alimoglu.

Quinze autres soldats, un garde de village et cinq civils ont été blessés dans les échanges de tirs qui ont suivi l'attaque, ajoute le communiqué.

Les combattants du PKK avaient lancé des assauts simultanés sur trois postes militaires situés à la frontière, faisant des victimes dans le village de Gecimli, selon la chaîne de télévision privée NTV.

C'est le combat le plus meurtrier depuis les affrontements du mois de juin qui avaient fait 28 morts dans une attaque similaire dans la même région.

S'adressant aux journalistes après l'attaque, le vice-premier ministre Besir Atalay a déclaré que la Turquie poursuivrait sa lutte contre le «terrorisme», tout en respectant les mesures de sécurité.

Ankara a récemment lancé une large offensive terrestre et aérienne contre le PKK, déployant quelque 2.000 soldats dans la région pour tenter de chasser les rebelles de la ville de Semdinli.

La dernière offensive turque intervient alors que selon certaines informations, des rebelles Kurdes auraient pris le contrôle d'une partie du nord de la Syrie et que les combats pour protester contre le régime du président Bachar al-Assad s'intensifient.

Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a accusé Damas de laisser le champ libre aux rebelles kurdes dans le nord du pays et a averti qu'Ankara n'hésiterait pas à frapper les «terroristes».

Selon Ankara, certains rebelles kurdes de Syrie ont été contraints de quitter leur refuge de la zone montagneuse du nord de l'Irak pour rejoindre cette région, après que l'armée turque a organisé plusieurs raids aériens.

Les informations rapportant la prise de contrôle du nord de la Syrie par le Parti de l'union démocratique (PYD) allié du parti syrien du PKK, a poussé Ankara à prendre des mesures diplomatiques et militaires pour neutraliser toute menace potentielle.

La Turquie a envoyé un convoi de chars, transportant des armes et des batteries de missiles sol-air vers la frontière avec la Syrie et organisé des manoeuvres militaires, considérées par les médias comme une démonstration de force à l'encontre de Damas. Depuis le début du soulèvement en Syrie, les relations entre les deux anciens alliés sont devenues exécrables, et la Turquie réclame la fin de la répression et le départ du président syrien Bachar al-Assad.

Les rapports entre Ankara et Damas se sont encore aggravés après qu'un avion de combat turc F-4 a été abattu par la Syrie le 22 juin au large de ses côtes, tuant les deux pilotes et amenant Ankara à mettre Damas au rang des opposants «hostiles».

Damas récuse les accusations de la Turquie et affirme qu'Ankara apporte son soutien à des «terroristes» dans le but de faire tomber le régime syrien, faisant référence à la fuite des soldats de l'Armée syrienne libre basée sur le territoire turc près de la frontière.

La semaine dernière, le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu s'est rendu dans le nord de l'Irak pour évoquer avec le leader kurde irakien Masoud Barzani la situation dans le nord de la Syrie.

«La nouvelle Syrie devrait être libérée de tout groupe ou organisation terroriste ou extrémiste», ont déclaré les deux hommes dans un rare communiqué conjoint.

Bien que la Turquie ait noué des liens avec le gouvernement régional kurde du nord de l'Irak, Ankara est opposée à l'idée d'un Etat kurde séparé.

Le PKK lutte depuis 1984 contre l'autorité d'Ankara, sa revendication évoluant de l'indépendance vers l'autonomie du sud-est anatolien, peuplé en majorité de Kurdes. Le conflit a fait plus de 45 000 morts.