David Cameron et Vladimir Poutine n'ont pu que constater leurs divergences sur la Syrie, au cours de la première visite en sept ans du président russe jeudi au Royaume-Uni, avant d'aller voir ensemble des finales olympiques de judo, sport favori de l'homme fort de la Russie.

Alors que les combats entre insurgés et forces du régime font rage à Alep, la deuxième ville syrienne, le premier ministre britannique a tenté une nouvelle fois d'infléchir la position du président russe au cours d'un entretien de 45 minutes à Downing Street.

Alliée de longue date de Damas, la Russie a bloqué à trois reprises des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU menaçant la Syrie de sanctions.

Moscou a aussi continué à livrer des armes au régime du président Bachar al-Assad, engagé dans une lutte sans merci contre la rébellion depuis mars 2011.

« Il y a eu bien sûr des divergences sur les positions que nous avons adoptées sur le conflit syrien », a constaté M. Cameron à l'issue de cette entrevue. « Mais nous souhaitons tous les deux que ce conflit prenne fin et que la Syrie recouvre la stabilité ».

Vladimir Poutine a noté pour sa part que « nous sommes tombés d'accord pour continuer à travailler ensemble afin de trouver une solution viable », a-t-il ajouté.

Ce constat de divergence n'a pas empêché M. Cameron de saluer « l'amélioration continue » des relations britannico-russes, souvent tumultueuses depuis le meurtre en 2006 à Londres de l'ex-agent russe Alexandre Litvinenko, très critique envers Moscou.

En matière économique, les deux hommes ont aussi souhaité « un accroissement des exportations et des investissements » bilatéraux et discuté de « coopération énergétique ».

M. Poutine, dont le pays organise les jeux d'hiver en 2014 à Sotchi, a même rendu hommage à la cérémonie d'ouverture « inoubliable » des JO de Londres.

Il a ensuite rejoint M. Cameron sur les gradins du site d'ExCeL pour assister à des finales olympiques de judo.

L'homme fort de la Russie, ceinture noire, se fait souvent filmer en train de se mesurer à des judokas dans son pays.

Il n'a pas boudé son plaisir, tombant la veste et se levant, les bras en V pour la victoire du Russe Tagir Khaibulaev en finale (-100 kg) contre le tenant du titre mongol Naidan Tuvshinbayar.

David Cameron a eu moins de chances avec la finale dames (-78 kg), où l'Américaine Kayla Harrison l'a emporté contre la Britannique Gemma Gibbons. Beau joueur, le premier ministre britannique a chaleureusement applaudi l'Américaine, suivi par Poutine.

Peu après, M. Cameron a reconnu dans un entretien sur la chaîne de télévision privée Sky que « le cas Litvinenko était toujours entre nous » tout en insistant sur l'importance de renforcer les relations commerciales.

Dernièrement, le premier ministre avait souligné que « sa priorité majeure était de conclure ces contrats » et « non de me concentrer sur ce qui se passera sur le tatami ».

Poutine n'était pas venu à Londres depuis sa visite d'État en juin 2003. Il s'était toutefois rendu en Ecosse en 2005 pour un sommet du G8.

Amnistie internationale a demandé à David Cameron de ne pas « prendre de gants » avec le président russe.

L'organisation de défense des droits de l'homme, dont le siège est à Londres, a souhaité notamment que le premier ministre lui dise « poliment, mais fermement » que le procès des membres du groupe punk Pussy Riot était « une honte ».

Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 29 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, sont poursuivies pour avoir entonné une « prière punk » intitulée Marie mère de Dieu - chasse Poutine ! à l'intérieur de la cathédrale du Christ-Sauveur, dans la capitale russe.