Michelle Martin, l'ex-femme et complice du meurtrier pédophile belge Marc Dutroux, va être libérée après avoir purgé plus de la moitié de sa condamnation à 30 ans de réclusion, pour entrer au couvent en Belgique et à condition de se « tenir à distance » des familles des victimes.    

Le tribunal d'application des peines (TAP) de Mons, qui se penchait pour la cinquième fois depuis 2007 sur la demande de libération conditionnelle de Michelle Martin, l'a autorisée mardi à séjourner dans le couvent des soeurs clarisses de Malonne, près de Namur, dans le sud du pays, à condition de se « tenir à distance » des familles des victimes.

Michelle Martin ne devrait pas sortir immédiatement de prison. Le parquet général dispose d'un délai de 24 heures pour se pourvoir en cassation et la défense d'un délai de 15 jours.

Soeur Christine, l'abbesse des clarisses de Malonne, a confirmé que son institution était prête à accueillir l'ex-épouse de Marc Dutroux. « Ce fut un défi pour nous, bouleversées que nous étions par l'horrible souffrance des victimes et de leur famille », explique-t-elle dans un communiqué.

« Comment porter ces deux réalités à la fois? (...) Notre coeur de femmes en a été troublé. Nous avons choisi d'accueillir ces deux souffrances l'une avec l'autre », a-t-elle ajouté.

Incarcérée depuis son arrestation en 1996, Michelle Martin, 52 ans, a purgé plus de la moitié des 30 ans de réclusion auxquels elle avait été condamnée en 2004.

Ancienne institutrice, elle a été reconnue coupable d'avoir séquestré plusieurs des jeunes victimes de Marc Dutroux et d'avoir laissé mourir de faim Julie Lejeune et Melissa Russo, âgées de huit ans, emmurées dans un cachot aménagé dans sa maison de Marcinelle, près de Charleroi.

Son avocat, Thierry Moreau, a assuré sur RTL-TVI qu'elle « n'est pas la femme qui est rentrée en prison en 1996 ». « Sa culpabilité la poursuivra jusque dans la tombe, la seule chose qu'elle peut essayer de faire, c'est essayer de se racheter », a-t-il ajouté.

« Peines incompressibles »

Les familles des victimes ont dénoncé la décision de la justice. « Les droits des victimes sont bafoués », a accusé un de leurs avocats, Georges-Henri Beauthier. « C'est le renard qu'on va jeter dans un poulailler », a lancé Jean-Denis Lejeune, le père de Julie, estimant que Michelle Martin était « responsable de la mort de quatre enfants ». « Je n'accepte pas le pardon et la réinsertion », a-t-il dit.

En mai 2011, une demande de libération anticipée avait été acceptée par le TAP de Mons. Dans le cadre de son programme de réinsertion, l'ex-femme de Dutroux, qui dit être devenue très religieuse, avait proposé de résider dans un couvent en France. Mais le ministère français de la Justice avait bloqué cette option, expliquant qu'elle risquait de créer un trouble de l'ordre public.

Mardi, les réactions sont venues aussi du monde politique. Le président du Mouvement réformateur (droite libérale, majorité), Charles Michel, a jugé « urgent » de « relancer le combat » pour la mise en place de « peines incompressibles ».

Marc Dutroux a été condamné à la perpétuité pour l'enlèvement, la séquestration et le viol, entre juin 1995 et août 1996, de six fillettes et adolescentes, ainsi que de la mort de quatre d'entre elles.

Cette affaire avait profondément choqué la Belgique. Pour beaucoup de Belges, le pédophile n'avait pas pu agir sans la complicité de responsables de haut niveau. Mais le procès avait balayé cette thèse et conclu au contraire que Dutroux et ses complices avaient agi en prédateurs isolés.