Le président roumain, Traian Basescu, a survécu de justesse dimanche à un référendum sur sa destitution. Bien que 86% des électeurs aient voté en faveur de son départ, le Bureau électoral central a invalidé la consultation parce que le taux de participation de 46% n'a pas atteint le seuil minimum requis de 50%. Quatre mots pour comprendre la crise qui secoue ce pays d'Europe de l'Est.

Austérité

La Roumanie a rejoint l'Union européenne en 2007. Après une période de croissance, le pays a plongé dans la récession en 2009, frappé de plein fouet par la crise économique en Europe. Le président de centre droit, Traian Basescu, a soutenu des mesures d'austérité demandées par la communauté internationale en échange d'un prêt de 20 milliards d'euros. Les salaires ont baissé du quart dans le secteur public et la taxe à l'achat a atteint 24%.

Instabilité

La crise économique s'est transformée en crise politique. Dès janvier, les manifestations se sont multipliées en Roumanie. En quatre mois, le gouvernement a changé trois fois de premier ministre. Le socialiste Victor Ponta a été nommé en mai à la suite de la formation d'une coalition entre socialistes et libéraux.

Scandales

Le début de règne de Victor Ponta ne s'est pas fait sans heurt. En juin, le nouveau premier ministre a été accusé d'avoir plagié sa thèse de doctorat. Traian Basescu n'a guère été épargné par les scandales: ses rivaux l'ont accusé d'avoir outrepassé son autorité pour s'immiscer dans les affaires du gouvernement et d'avoir nommé ses fidèles à des positions-clés dans le système judiciaire. Dans la foulée de ces révélations, Victor Ponta a adopté des mesures pour faciliter la destitution du président, s'attirant les critiques de Bruxelles et de Washington. Le 6 juillet, le Parlement a voté en faveur de la destitution, qui devait être confirmée par référendum.

Boycottage

Traian Basescu a d'abord invité ses partisans à voter non au référendum. Il les a par la suite enjoints à le boycotter. La stratégie de Basescu, qui a déjà survécu à un référendum similaire en 2007, a porté ses fruits. «Les Roumains ont invalidé le référendum en ne votant pas», a-t-il déclaré hier, qualifiant la consultation de «coup d'État manqué». Victor Ponta a affirmé qu'il ne lancerait pas de nouvelle confrontation, mais que le président n'avait plus de crédibilité politique. Le deuxième mandat de Basescu prend fin en 2014.

- Avec AP, AFP, Le MondeL'Express, la BBC

PHOTO ANDREI PUNGOVSCHI, AFP

Des partisans du premier ministre socialiste Victor Ponta assistent à un rassemblement en faveur de la destitution du président roumain, le 26 juillet à Bucarest.