Neuf alpinistes britanniques, allemands, espagnols et suisses ont péri jeudi dans le massif du Mont-Blanc, dans la pire tragédie survenue dans les Alpes françaises ces dix dernières années.

Les victimes sont trois Allemands, trois Britanniques, deux Espagnols et un Suisse, dont les cordées ont été surprises par une coulée de neige à 4000 mètres d'altitude, sur la face nord du Mont Maudit, voie d'ascension empruntée par des milliers d'alpinistes chaque été.

La gendarmerie a annoncé jeudi dans la soirée que quatre alpinistes initialement portés disparus - deux Britanniques et deux Espagnols - étaient vivants : deux avaient annulé leur expédition et les deux autres avaient choisi un autre itinéraire.

«Le bilan s'arrête à neuf morts. Il n'y a plus personne sur la liste des disparus. C'est une bonne nouvelle qui clôt une journée dramatique», a déclaré à l'AFP le lieutenant Emmanuel Vegas, du peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Chamonix.

Douze blessés, selon un bilan de la préfecture publié dans la soirée, ont été évacués vers l'hôpital de Sallanches (Haute-Savoie). Un Suisse, gravement touché, a été transféré à Sion, en Suisse.

Parmi les blessés se trouve un des deux guides, français, accompagnant des groupes d'alpinistes décrits comme expérimentés, alors que l'autre guide, britannique, figure parmi les tués.

«Moi je n'ai rien vu. J'ai reçu de la neige et ça m'a poussé. Quand on monte, on ne regarde pas en l'air», a déclaré à l'AFP, depuis l'hôpital, ce guide indépendant de 63 ans, Daniel Rosseto, emporté sur près de 200 mètres avec ses clients danois. Souffrant d'une côte cassée et d'une luxation de l'épaule, il devait sortir vendredi de l'hôpital.

Une chapelle ardente devait être dressée vendredi au centre hospitalier de Chamonix pour l'accueil des familles.

Le ministre des Affaires étrangères britannique William Hague a annoncé dans la soirée l'envoi à Chamonix de l'ambassadeur de Grande-Bretagne.

Les victimes faisaient partie d'un groupe de 28 personnes, parties à 01H30 du matin du refuge des Cosmiques, à quelque 3600 mètres. L'alerte a été donnée jeudi à 05H25 par un des blessés.

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, qui a survolé en hélicoptère les lieux du drame, a refusé de se prononcer sur les causes de l'accident, alors qu'est avancé le possible détachement d'une plaque de neige au passage d'un alpiniste : «L'enquête commence, sous l'autorité du procureur», a-t-il dit.

Météo France a précisé que le vent était fort dans ce secteur jeudi, avec des pointes de 60 à 70 km/heure après des pointes allant jusqu'à 100 km/heure mercredi.

«C'est une partie difficile et raide de la montagne. Le vent a probablement créé une accumulation de neige qui s'est déplacée quand les alpinistes sont passés», a estimé Delfino Viglione, un responsable des secouristes italiens qui s'étaient joints aux recherches. «Le Mont-Blanc peut être problématique même en été. Il ne faut jamais baisser la garde. Malheureusement, ces tragédies arrivent souvent», a ajouté M. Viglione.

Le dernier accident d'alpinisme le plus grave dans les Alpes françaises avait eu lieu le 24 août 2008, lorsque huit hommes - trois Suisses, un guide autrichien et quatre Allemands - avaient été emportés par une avalanche à la suite d'une chute de séracs (blocs de glace) au Mont Blanc du Tacul.