Le président français François Hollande a lancé hier un vaste sommet, sur fond de crise, dans l'espoir de trouver des voies consensuelles pour relancer la croissance et l'emploi tout en protégeant les acquis sociaux du pays.

L'exercice, qui réunit pendant deux jours près de 300 représentants du gouvernement, des syndicats et des milieux patronaux, ne doit pas être un «rendez-vous sans lendemain», a plaidé le chef d'État à l'ouverture des discussions.

Il a dit avoir bon espoir que les participants sauront parvenir à «un compromis positif» de manière à permettre à la France «de sortir par le haut des épreuves qu'elle traverse».

La recherche de solutions pour contrer le chômage, qui progresse depuis plus de deux ans et dépasse désormais la barre des 10%, s'annonce particulièrement délicate.

La présidente du MEDEF, principale organisation patronale du pays, a prévenu dimanche que le nombre de faillites d'entreprises risquait d'être «massif» à la rentrée et entraînerait une série de licenciements.

Le pays, a plaidé Laurence Parisot, doit comprendre qu'il ne sera pas possible de rétablir la compétitivité des firmes françaises sans accepter des «ajustements» et des «restructurations».

La dirigeante du MEDEF plaide notamment pour l'introduction de clauses de «compétitivité emploi» qui permettraient de réduire le temps de travail ou les salaires en période de crise. Elle demande par ailleurs qu'une partie des charges sociales actuellement assumées par les entreprises soient remises aux particuliers.

Les dirigeants syndicaux rejettent l'idée que les salaires minent les entreprises du pays. «»Nous récusons le constat que les coûts de travail seraient un problème majeur de compétitivité», a déclaré le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault.

Les craintes de licenciements se cristallisent notamment autour du constructeur d'automobiles PSA - Peugeot, qui pourrait annoncer dès cette semaine la suppression de près de 10 000 postes en France, soit 10% de son effectif dans le pays.

Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, doit présenter sous peu un plan de relance pour le secteur.

Il entend intervenir par ailleurs pour limiter les «licenciements boursiers» découlant de la volonté de firmes rentables d'améliorer leur performance boursière, autre sujet de litige potentiel au sommet.

La question de l'attrition dans la fonction publique risque aussi de susciter des remous. Le président a promis durant la campagne que 60 000 postes seraient ajoutés en cinq ans dans les ministères prioritaires comme l'éducation et la justice, mais il a prévenu que ces hausses devront être compensées par les autres ministères, ce qui suscite l'ire des syndicats.

La question du financement de la protection sociale est aussi à l'agenda. Le président Hollande n'a pas exclu la possibilité d'une hausse de la «contribution sociale généralisée» pour financer les dépenses en santé et les pensions de vieillesse.

La fragilité de l'économie européenne ne facilite en rien la tâche du gouvernement, qui verra sa marge de manoeuvre sensiblement réduite par l'adoption projetée du pacte de stabilité budgétaire.

Le pacte en question, que François Hollande s'est engagé à faire ratifier après avoir obtenu un plan de croissance européen d'une portée limitée de 130 milliards d'euros, prévoit d'importantes sanctions pour les pays qui tardent à assainir leurs finances publiques.