Le bilan des inondations dans le sud-ouest de la Russie s'est encore aggravé et est passé à 134 morts dans la région de Krasnodar, a annoncé samedi soir la police russe.Le district de Krymsk était le plus touché avec 123 morts. De nombreuses victimes n'ont pas encore pu être indentifiées, a précisé à l'AFP un responsable de la force spéciale pour les catastrophes naturelles.

Quatre-vingt-seize corps, selon un dernier bilan, ont été retrouvés dans le district de Krymsk, une zone de l'arrière-pays touchée par une crue de plusieurs mètres de haut durant la nuit, a indiqué la police.

Neuf corps ont également été retrouvés dans la station balnéaire de Gelendjik, et deux dans le port voisin de Novorossiisk. Un précédent bilan faisait état de 103 morts.

Selon les autorités locales, plus de 12 000 habitants et 4 000 habitations ont été touchés par le désastre.

Alors que le nombre des victimes n'a cessé d'augmenter et que le mécontentement grandissait dans la région, selon les témoignages, mais aussi sur l'internet où se multipliaient les accusations de négligence, Vladimir Poutine s'est rendu dans la zone.

«Le président a survolé en hélicoptère les zones les plus touchées par les pluies et les inondations», a indiqué le Kremlin, ajoutant que M. Poutine se trouvait samedi soir à Krymsk pour une réunion de crise.

Selon les témoignages, alors que la région était déjà sous de fortes pluies vendredi et que cinq personnes avaient péri à Gelendjik, une violente crue s'est déclenchée vers 3 heures du matin dans le district de Krymsk, surprenant de nombreux habitants dans leur sommeil.

«L'eau est montée très vite, elle a inondé le rez-de-chaussée des maisons en 5-10 minutes, a emporté des bordures de trottoir et même des plaques d'asphalte», a déclaré par téléphone à l'AFP une habitante de Krymsk, Tatiana Antonovna.

«C'était très inattendu, beaucoup de personnes âgées ont dû périr», a ajouté cette femme, épargnée car sa maison est bâtie sur une hauteur dans cette ville de 57 000 habitants.

«Des canots sont apparus dans les rues voisines au matin, une femme avait passé la nuit dans un arbre et a été sauvée», a-t-elle encore raconté.

D'autres témoins ont décrit un «mur d'eau» qui dévastait tout sur son passage.

Plusieurs ont soupçonné qu'une retenue artificielle située en amont avait pu céder, déborder, voire qu'un lâcher d'eau du barrage avait été effectué.

A Moscou, le parti d'opposition Iabloko a affirmé disposer d'informations confirmant ces soupçons.

«La montée rapide des eaux a été provoquée par un lâcher d'eau en catastrophe de la retenue de Neberdjaevski, située plus haut dans les montagnes. La population n'avait pas été informée», a écrit Iabloko dans un communiqué, exigeant que les coupables soient punis pour «homicide par imprudence».

Selon le parti, la retenue n'a pas été équipée de moyens de réguler progressivement son niveau, malgré le précédent d'une inondation en 2002.

Le porte-parole d'Alexandre Tkatchev, le gouverneur de la région de Krasnodar, a qualifié ces accusations de «délire».

«Il est tombé sur la région cinq mois de précipitations d'un coup», a-t-il expliqué sur Twitter.

Le ministère des Situations d'urgence a également démenti cette version, affirmant que les retenues d'eau de la région n'étaient pas pleines.

Le comité d'enquête russe a néanmoins annoncé avoir ouvert une enquête et dépêché des enquêteurs sur place.

Dans cette zone côtière, le courant a été coupé, les routes bloquées et le trafic ferroviaire interrompu.

L'activité du port de Novorossiisk, le plus important port russe en mer Noire, a également été suspendue.

Le niveau de l'eau a atteint 4 à 7 mètres dans le district de Krymsk selon les autorités locales.

«On n'a rien vu de pareil depuis 70 ans», a déclaré le gouverneur Alexandre Tkatchev.

Les secours ont indiqué préparer un camp de 60 tentes pour 1 000 places au total dans le district de Krymsk.