Vêtus de blanc, foulard rouge autour du cou, des milliers de passionnés ont hurlé et sauté de joie en s'aspergeant de vin sur la place de la mairie de Pampelune, vendredi, pour marquer le coup d'envoi des fêtes de la San Fermin, les plus célèbres fêtes taurines d'Espagne.                                                                

« C'est de la folie, incroyable, j'adore! », s'est enthousiasmé, les cheveux et vêtements dégoulinants de vin, Louise Haley, 28 ans, venue d'Australie pour assister à cette fête d'origine médiévale, qui fascina en son temps Ernest Hemingway.

Aux cris de « Viva San Fermin! » et « Gora San Fermin », en basque, suivis du « chupinazo », le lancer depuis le balcon de la mairie d'une fusée d'artifice, les neufs jours de fêtes rythmés par les célébrissimes lâchés de taureaux ont été officiellement ouvertes à midi.

Agitant leurs foulards rouges dans une ambiance survoltée, des milliers de fêtards venus du monde entier se sont aspergés de vin, transformant le blanc immaculé de leur vêtement traditionnel en un original dégradé de rose. Dansant, chantant, ils se sont passés d'énormes ballons gonflables, d'autres, très nombreux, les observant depuis les balcons surplombant la place.

Tôt le matin, déjà, certains avaient commencé les festivités, buvant bière et sangria assis dans les cours ou en se baladant et chantant dans les étroites rues pavées de la ville, leurs énormes verres en plastique contenant parfois jusqu'à un litre de boisson.

Rythmées par des processions religieuses, des danses traditionnelles, des concerts, arrosées par des flots de boisson dans des bars autorisés à ouvrir jusqu'à l'aube, les fêtes sont avant tout célèbres pour leurs lâches de taureaux.

Chaque matin à huit heures, des centaines de coureurs intrépides se lanceront avec six taureaux de combat d'une demi-tonne chacun, tentant d'éviter leurs cornes sur un parcours de 850 mètres menant aux arènes de la ville.

Les plus courageux, ou peut-être les plus imprudents, courront le plus près possible des cornes, en espérant ne pas être blessés, pendant les quatre minutes environ que dure la course, traversant le coeur historique de la ville.

Le premier lâché, celui qui traditionnellement attire le plus de monde, aura lieu samedi.

« C'est une sensation extraordinaire, votre coeur commence à battre plus vite », témoigne Ander Goyoaga, plombier au chômage de 34 ans venu de Bilbao.

Il a déjà participé aux lâchés de taureaux et s'apprête à tenter à nouveau l'expérience

« À chaque fois, je me dis que c'est la dernière, mais je ne peux pas m'empêcher d'y retourner », admet-il.

En 2011, 20 500 coureurs ont participé aux huit lâchés de taureaux, en majorité des hommes de 18 à 35 ans dont près de la moitié venaient de l'étranger, surtout des États-Unis, d'Australie et du Royaume-Uni, selon la mairie de Pampelune.

Cette curieuse tradition médiévale pourrait s'être inspirée des bouchers, qui couraient devant les bêtes amenées de la campagne pour la fête de San Fermin.

Chaque année, des dizaines de coureurs se blessent, souvent à cause de chutes qui les précipitent parfois sous les pattes des taureaux.

La course se transforme parfois en tragédie. Le décès le plus récent date d'il y a trois ans, lorsqu'un taureau avait encorné un Espagnol de 27 ans.

Pour éviter les blessures, les organisateurs tentent d'interdire aux fêtards ivres de participer aux lâchés et ont aspergé la route d'un produit chimique pour empêcher les glissades.

Pampelune, qui compte 200 000 habitants, attend un demi-million de visiteurs cette année et espère que les fêtes lui rapporteront environ 70 millions d'euros (environ 88 millions de dollars).

« J'ai vu les images à la télévision et je n'avais pas le choix : il fallait que je vienne », s'enthousiasme David Higgins, un Britannique de 25 ans venu avec trois amis.

« C'est sans doute la fête la plus folle du monde! »