Le gouvernement socialiste français a dit avoir confiance de pouvoir remettre le pays sur les rails malgré la détérioration importante des finances publiques.

«Le redressement prendra du temps, mais nous surmonterons la crise et nous retrouverons le progrès», a déclaré hier le premier ministre Jean-Marc Ayrault lors d'un discours de politique générale fixant les grandes orientations de l'État pour les cinq prochaines années.

Au cours de son allocution, chahutée par les députés de la droite récemment passés dans l'opposition, le chef du gouvernement a relevé que des efforts importants s'imposaient pour réduire la dette du pays et sauver «le modèle social républicain».

«Une France endettée est une France dépendante des agences de notation, dépendante des marchés financiers», a déclaré M. Ayrault.

Lundi, la Cour des comptes avait relevé que le gouvernement devait trouver entre 6 et 10 milliards d'économies ou de recettes additionnelles d'ici à la fin de 2012 pour réduire son déficit sous la barre de 4,5%.

Un effort important mais sans commune mesure avec celui attendu en 2013, où une somme additionnelle de 33 milliards d'euros devra être trouvée pour faire passer le déficit sous le seuil de 3%.

Le premier ministre a indiqué que le gouvernement entendait combler le manque à gagner en ciblant d'abord par des impôts additionnels «ceux qui ont été exonérés de l'effort collectif». Des contributions spéciales seront exigées des banques et de grandes entreprises.

L'augmentation de la masse salariale dans la fonction publique sera parallèlement freinée, malgré l'ajout annoncé sur cinq ans de 60 000 postes dans des ministères prioritaires qui devront être compensés par des baisses d'effectifs dans d'autres secteurs.

«Les effectifs de l'État conserveront une stabilité globale alors que le gouvernement précédent les détruisait massivement», a déclaré le premier ministre.

L'effort budgétaire à venir dans la fonction publique, qui pourrait se traduire aussi par un gel prolongé des salaires et une réduction marquée des primes, inquiète les syndicats.

«En supprimant de nouveau des dizaines de milliers d'emplois dans des secteurs durement touchés par cinq années de sarkozysme, le premier ministre prend la lourde responsabilité d'aggraver les conditions de travail déjà dégradées des agents et d'altérer la qualité du service public rendu aux citoyens», a prévenu la CGT, qui menace de mobiliser ses troupes pour faire reculer le gouvernement.

La question de la création d'emplois apparaît comme un autre défi de taille pour l'État français dans un contexte où le chômage excède 10% dans le pays.

M. Ayrault a déclaré que le plan de croissance de 130 milliards d'euros approuvé la semaine dernière lors d'un sommet européen à Bruxelles devrait faciliter la relance de l'économie et réduire le nombre de chômeurs, «un impératif de chaque instant».

La France a accepté, lors du même sommet, de ratifier un traité de stabilité budgétaire qui prévoit d'importantes sanctions financières pour les pays qui ne respectent pas les cibles établies de réduction de déficit et de dette.

Le plan du gouvernement a reçu hier l'aval du camp écologiste alors que les députés de l'extrême gauche ont choisi de s'abstenir pour souligner leur insatisfaction à l'égard de certaines mesures jugées trop timorées en faveur des classes populaires.

La droite a décrié pour sa part le programme mis de l'avant par M. Ayraulté. Elle a relevé qu'il était «dangereux sur le plan économique» et créerait des dommages «irréparables» au pays.

«Nous nous battrons pour éviter le pire», a déclaré le président du groupe Union pour un mouvement populaire (UMP) à l'Assemblée nationale, Christian Jacob.