Élisabeth II a entamé mardi une visite de 48 heures en Irlande du Nord dans le cadre des célébrations de son jubilé, une occasion d'échanger une poignée de main historique avec l'ex-dirigeant de l'IRA Martin McGuinness, aujourd'hui vice-premier ministre de la province.        

La reine, accompagnée de son époux le duc d'Édimbourg, remis d'un récent problème de santé, s'est rendue dans la matinée à Enniskillen (sud), pour assister à un office religieux dans la cathédrale de la ville, en l'honneur de son jubilé de diamant (60 ans de règne).

Enniskillen a été le théâtre d'un attentat à la bombe de l'IRA en 1987, qui avait fait douze morts, un des épisodes les plus sanglants des « troubles » nord-irlandais.

La souveraine avait rendez-vous avec des familles de victimes après cet office, auquel participaient des représentants de plusieurs confessions, dont le chef de l'Église catholique irlandaise, le cardinal Sean Brady.

L'arrivée d'Élisabeth II a été saluée par des centaines de badauds massés sur le chemin menant à la cathédrale.

La reine s'était déjà rendue en Irlande du Nord en 1977 et en 2002, à l'occasion de ses jubilés d'argent et d'or.

Mercredi, elle doit assister à une « garden-party » au palais de Stormont à Belfast, siège du Parlement et du gouvernement, avec 22 000 invités.

Mais le temps fort de sa visite sera sa rencontre avec Martin McGuinness, numéro 2 du parti nationaliste Sinn Féin et vice-premier ministre d'Irlande du Nord, pour une poignée de main symbolique de l'apaisement des relations irlando-britanniques.

Ce catholique de 62 ans a été l'un des dirigeants de l'Armée républicaine irlandaise (IRA) qui a combattu la domination britannique en Ulster pendant les 30 années de conflit au cours desquelles plus de 3500 personnes ont été tuées.

Mais il est aussi l'un des principaux artisans du processus qui a conduit le mouvement clandestin à déposer les armes, et un négociateur majeur de l'accord de paix du Vendredi saint en 1998.

La rencontre doit avoir lieu dans un théâtre de Belfast, lors d'une manifestation culturelle à laquelle assistera aussi le président irlandais Michael D. Higgins.

« Il s'agit de tendre la main de la paix et de la réconciliation à la reine Élisabeth qui représente des centaines de milliers d'unionistes dans le nord », a commenté McGuinness.

« Il s'agit aussi, en tant que représentant de mon parti, de montrer aux unionistes du nord que nous sommes prêts à respecter ce en quoi ils croient, même si nous sommes toujours des républicains irlandais ».

Le Sinn Féin, qui milite toujours officiellement en faveur de la réunification de la République d'Irlande et de l'Irlande du Nord, a boycotté dans le passé toutes les visites de la monarchie en Ulster.

Mais sa position a évolué depuis la visite historique de la souveraine en République d'Irlande en mai 2011, dont il avait salué « la sincère compassion » pour les victimes de la question irlandaise.

En septembre 2011, Martin McGuinness, alors candidat à la présidentielle en Irlande, s'était dit prêt à rencontrer la reine s'il était élu.

Les violences entre séparatistes catholiques et loyalistes protestants ont pris quasiment fin. Toutefois, des groupes de dissidents continuent de prôner le recours aux armes. Une trentaine d'attentats ou de tentatives ont été recensés en Irlande du Nord l'an dernier, sans faire de victime.

La reine a entrepris toute une série de déplacements au Royaume-Uni dans le cadre des festivités de son jubilé de diamant.