La justice ukrainienne a de nouveau reporté lundi le procès pour fraude fiscale de l'opposante et ex-premier ministre emprisonnée Ioulia Timochenko, qui ne pouvait y assister pour des raisons de santé, alors que cette affaire continue de soulever les protestations.

La prochaine audience a été fixée au 10 juillet, soit plus d'une semaine après la finale, ce week-end, de l'Euro 2012 de football, co-organisé par la Pologne et l'Ukraine.

Mme Timochenko n'était pas présente à l'audience, comme annoncé la veille par le service pénitentiaire ukrainien qui a précisé que l'ex-premier ministre avait refusé en raison de son état de santé. Elle est hospitalisée pour des hernies discales.

Le tribunal a néanmoins soutenu lundi une requête du parquet, ordonnant à l'opposante de se soumettre à un examen médical afin de statuer sur sa capacité à se rendre au procès.

Mme Timochenko refuse d'être examinée et soignée par des médecins ukrainiens et jusqu'à présent a été suivie par des praticiens allemands dans son hôpital de Kharkiv.

Lundi matin, étaient présents à l'audience l'ancien président polonais Aleksander Kwasniewski et l'Irlandais Pat Cox, ex-président du Parlement européen.

Un millier de manifestants s'étaient aussi réunis devant le tribunal de Kharkiv, dans l'est de l'Ukraine pour scander des slogans comme «Liberté pour Ioulia !».

À peu près autant de manifestants exprimaient leur hostilité à celle qui fut un des leaders de la «révolution orange» pro-occidentale de 2004.

Incarcérée depuis août et condamnée en octobre à sept ans de prison pour «abus de pouvoir» dans la signature d'un contrat gazier avec la Russie jugé désavantageux pour le pays, Ioulia Timochenko est jugée dans ce nouveau procès pour fraude fiscale et détournement de fonds, des faits présumés remontant aux années 1990.

Elle a également été citée comme témoin dans l'affaire du meurtre d'un député remontant à 1996, et un responsable du parquet a déclaré la semaine dernière qu'elle pourrait être inculpée. Une perspective jugée «absurde» par son avocat, qui estime qu'elle vise surtout à la discréditer.

Elle et ses partisans dénoncent une vendetta politique de l'actuel président Viktor Ianoukovitch.

L'affaire a provoqué une grave crise entre Kiev et l'Union européenne, qui réclame elle aussi la libération de l'opposante. Plusieurs pays européens avaient brandi la menace d'un boycottage politique des matches de football.

Kharkiv est l'une des quatre villes-hôtes ukrainiennes de la compétition.