Le père du djihadiste Mohamed Merah, qui a abattu en mars trois militaires et quatre Français de confession juive, a déposé plainte lundi à Paris pour meurtre, visant la hiérarchie de la police ayant donné l'ordre de lancer l'assaut qui a tué son fils.

« C'est une plainte contre X pour meurtre avec circonstances aggravantes visant dans les faits des gens ayant donné des ordres à la tête de la police nationale », a déclaré Me Isabelle Coutant-Peyre, qui assiste Zahia Mokhtari, l'avocate algérienne du père de Mohamed Merah.

Mohamed Benalel Merah, qui vit en Algérie, avait annoncé fin mars son intention de porter plainte.

« Nous attendons de la justice française ni plus ni moins que de dissiper le flou qui entoure cette affaire », a déclaré Me Mokhtari. « Nous n'avons pas déposé cette plainte sans avoir de preuves. Nous avons des preuves que vous allez découvrir bientôt ».

Me Mokhtari avait affirmé début avril détenir des preuves de « la liquidation » du tueur de Toulouse. Me Coutant-Peyre a précisé lundi que ces vidéos seraient « mises à disposition des autorités quand elles en feront la requête ».

Entre les 11 et 19 mars, Mohamed Merah, 23 ans, a froidement assassiné sept personnes : trois soldats, ainsi que trois écoliers et un enseignant juifs à Montauban et Toulouse, dans le sud-ouest de la France.

Il avait été tué le 22 mars lors de l'intervention des policiers d'élite du RAID dans son appartement à Toulouse, après 32 heures de siège au cours duquel il avait revendiqué ses assassinats, affirmé avoir réfléchi à d'autres actes et clamé ses liens avec les talibans.

« Vous avez 300-400 personnes surarmées et un type tout seul enfermé dans son appartement. Rien que ça suffit pour se poser des questions », a dénoncé lundi Isabelle Coutant-Peyre.

« À l'assaut du RAID »

Le patron du RAID, Amaury de Hauteclocque, avait cependant affirmé à l'AFP que ses hommes avaient « donné sa chance jusqu'au bout » à Mohamed Merah.

« Si un assaut a été lancé, c'est par Merah », avait-il dit à l'AFP au lendemain de la mort du tueur, alors que le plan qu'il avait « validé, était un plan de reprise des lieux en sécurité pour s'assurer de M. Merah en vie ».

Assiégé par la police à partir du petit matin du mercredi 21 mars, Mohamed Merah avait rompu les négociations en soirée.

« Il m'a dit "je suis un moudjahidine, je veux mourir les armes à la main, vous allez m'abattre et je suis très fier, très honoré de lutter contre le RAID, je vais essayer d'(en) tuer le plus possible » », avait indiqué M. de Hauteclocque.

Selon le patron du RAID, Mohamed Merah avait réorganisé son appartement « comme un terrain de guerre, avec obstruction de toutes les issues avec des meubles ». Retranché dans la salle de bain, il sera finalement abattu en montant « à l'assaut du RAID », selon M. de Hauteclocque.

Fin mars, Nicolas Sarkozy, alors président de la République, s'était déclaré « indigné » face à la volonté du père de Mohamed Merah de porter plainte.

« Ces mises en cause de notre pays sont indécentes, elles sont indignes et elles ne resteront pas sans conséquence », avait-il assuré.

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a chargé la Direction générale de la police nationale (DGPN) et la Direction centrale du Renseignement intérieur (DCRI) d'une « étude très complète sur ce qui a dysfonctionné » dans l'affaire Merah, car « nous sommes face à un échec : l'État n'a pas su ou pas pu protéger des Français ».