Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, qui avaient croisé le fer une première fois lors de l'élection présidentielle française, se livrent à un second round musclé.

Le représentant du Front de gauche avait créé la surprise en mai en annonçant qu'il tenterait d'obtenir le siège de député de la 11e circonscription du Pas-de-Calais que convoite aussi la chef du Front national.

À quelques jours du premier tour des élections législatives prévu dimanche, les deux politiciens s'affrontent à coups d'insultes sous l'oeil attentif des médias.

Marine Le Pen, qui a siégé par le passé comme conseillère municipale à Hénin-Beaumont, l'une des principales villes de la circonscription, dénonce son adversaire comme un «hurluberlu d'extrême gauche» parachuté qui «vomit la démocratie».

Reprenant une des thématiques préférées du Front national, elle affirme que le candidat d'extrême gauche envisage de «noyer la circonscription sous une marée de clandestins attirés par sa promesse de régularisation massive».

La semaine dernière, un tract portant le message «Votons Mélenchon» en français et en arabe sur fond vert, la couleur de l'islam, a été distribué dans la ville à l'insu du Front de gauche.

La chef du Front national a annoncé ensuite en entrevue à la télévision qu'il s'agissait d'un «coup de communication politique» de son parti qu'elle assumait «totalement».

Son adversaire, qui a porté plainte pour «délit de manoeuvre frauduleuse», dit vouloir évincer l'extrême droite de la circonscription, situé dans un ancien bassin minier durement touché par le chômage.

«Dorénavant, ce n'est pas nous qui rasons les murs, c'est eux qui vont les raser. Nous allons les faire partir, les chasser», a prévenu M. Mélenchon, qui compare Marine Le Pen à «Dracula» - «on va rallumer la lumière et l'abominable vampire va partir en petite fumée». Sa sortie musclée s'est retrouvée dans un nouveau tract où le politicien de gauche est affublé d'une moustache comme celle d'Adolf Hitler et montré devant l'entrée du camp de concentration d'Auschwitz.

Pendant la campagne présidentielle, les deux candidats s'étaient affrontés par médias interposés à plusieurs reprises. Le représentant du Front de gauche, qui a créé l'événement, s'était dit certain de battre Marine Le Pen dans les urnes, mais il a dû se contenter de 12% des voix au premier tour contre 17,9% pour la politicienne d'extrême droite.

La campagne de Jean-Luc Mélenchon est accueillie avec irritation par le camp socialiste, qui présente un maire local, Philippe Kemel, comme candidat. Lors d'un récent passage dans la circonscription, la première secrétaire de la formation, Martine Aubry, a souligné avec irritation que M. Kamel était, lui, «un élu de terrain qui sera là après les élections».

La formation de gauche doit composer avec les retombées médiatiques des démêlés judiciaires de l'ancien maire socialiste d'Hénin-Beaumont, Gérard Dalongeville, qui a été mis en examen pour détournement de fonds et usage de faux.

Un récent sondage du Figaro indique que Marine Le Pen arrivera en tête au premier tour avec plus de 32% des voix devant Philippe Kemel et Jean-Luc Mélenchon, qui suivent avec sept et huit points de retard. Le politicien d'extrême gauche sortirait cependant gagnant d'un duel au second tour si le représentant socialiste se désistait à son profit ou ne réussissait pas à atteindre le seuil minimal requis pour se qualifier pour la phase finale du scrutin (12,5% des électeurs inscrits).