La police française, qui a été alertée jeudi par les autorités canadiennes de la présence possible sur le territoire national de Luka Rocco Magnotta, traque activement le Canadien de 29 ans dans la région parisienne.

Le fugitif, accusé d'avoir tué et démembré un étudiant d'origine chinoise, a été signalé à plusieurs reprises au cours des derniers jours dans la capitale.

Selon le quotidien Le Parisien, les enquêteurs croyaient dans un premier temps que le «Dépeceur de Montréal», tel qu'il est désigné dans les médias français, avait repris l'avion pour rentrer au Canada, mais ils se sont ravisés et intensifient les recherches par crainte de le voir récidiver.

Ils auraient notamment confirmé sa présence au pays en traçant son téléphone cellulaire qui aurait activé plusieurs bornes relais. Le Figaro a précisé aujourd'hui que la police ne savait pas si l'appareil était toujours en sa possession.

Des vérifications menées dans un hôtel de Bagnolet, en Seine Saint-Denis, au nord-est de Paris, ont permis de trouver des affaires personnelles présumées du suspect, incluant des revues pornographiques et des sacs vomitoires provenant de la compagnie aérienne utilisée pour fuir le Québec.

Plusieurs vérifications ont parallèlement été menées sur la rue de Batignolles, dans le 17e arrondissement de Paris, une paisible artère résidentielle et commerciale.

Le tenancier d'un bistrot, Le Petit Batignolles, a notamment affirmé que Magnotta s'était présenté dans son établissement jeudi. Selon son témoignage, il aurait consommé un Coca-Cola avant de partir en compagnie d'un autre individu. Les enquêteurs sont repartis avec des bouteilles dans l'espoir de réaliser des tests d'ADN.

Sbiybi El-Bachir, qui gère des studios dans un immeuble voisin du bistrot, fermé ce matin, affirme que le tenancier n'était pas tout à fait certain d'avoir reconnu le Canadien.

«Je lui ai demandé s'il était vraiment, vraiment sûr et il a dit "Euuuh oui". Moi, je doute que c'était le tueur», a déclaré aujourd'hui M. El-Bachir à La Presse.

La police a aussi contrôlé au cours des derniers jours plusieurs hôtels de la rue. Selon Harold, qui travaille comme réceptionniste à l'hôtel des Batignolles, un des établissements visités, ils agissaient sur la base d'un signalement fait par un employé d'un autre hôtel qui «croyait» avoir reconnu le fugitif.

«Je suis certain qu'il n'a jamais mis les pieds dans un hôtel de la rue», a indiqué le jeune homme, qui a passé quatre heures avec les enquêteurs de la police judiciaire.

«Ils ont reçu entre 8000 et 10 000 signalements depuis que l'affaire est sortie. Ils explorent toutes sortes de pistes», a-t-il déclaré.

Des médias français indiquent que la police a aussi recueilli le témoignage d'un homme qui affirme l'avoir hébergé une nuit en début de semaine en banlieue parisienne. Sa présence aurait aussi été signalée près de la place de la Bastille, dans l'est de la ville. Une résidante de la rue de Batignolles affirme même qu'il s'est présenté à sa porte dans la nuit au cours des derniers jours en disant vouloir faire la fête.

«Les gens sont prêts à dire n'importe quoi pour exister», note le réceptionniste de l'hôtel des Batignolles, qui dit avoir appris que 2000 policiers en civil étaient déployés pour traquer Magnotta.

Selon lui, les clients de l'établissement ne s'inquiètent pas outre mesure de son possible passage dans le secteur. «Les gens ici se disent que c'est un mec traqué, qu'il ne peut pas vraiment se permettre de faire le malin», relève Harold.

Certains résidants de l'arrondissement se montrent néanmoins inquiets. «C'est horrible, c'est affreux de savoir qu'un meurtrier qui tue les gens de manière aussi terrible peut se trouver près de nous. Je ne me sens pas en sécurité», a déclaré ce matin Nassima Oukhmamou.

La jeune mère de 31 ans, qui promenait un jeune enfant dans une poussette, est confiante que le fugitif serait bientôt sous les verrous. «Je sais que les autorités françaises ne lâchent pas. Vous allez voir», a-t-elle déclaré.