Des tiraillements se manifestent tant à droite qu'à gauche sur l'échiquier politique à 10 jours du premier tour des élections législatives françaises.

La tension est particulièrement manifeste au sein de l'Union pour un mouvement populaire (UMP), où une bataille de succession s'est engagée à la suite du retrait de la vie politique de l'ancien président Nicolas Sarkozy.

Le secrétaire général de la formation, Jean-François Copé, doit composer avec les ambitions de l'ancien premier ministre, François Fillon, qui est passé à l'offensive il y a quelques jours en signalant qu'il «n'y a plus pour l'heure de leader naturel à l'UMP».

La sortie a été reçue comme une déclaration de guerre par M. Copé. Le politicien a néanmoins assuré par la suite que tous les membres du parti étaient «sur la même ligne» en prévision des élections législatives.

L'ancien ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, qui n'est pas dénué d'ambitions pour la suite des choses, est intervenu dans les médias pour rappeler que la question de la direction de l'UMP se poserait à l'automne, pas avant. «Pour le moment, toutes les énergies doivent tendre vers les élections de juin», a-t-il déclaré.

Les affrontements au sein de la droite traditionnelle réjouissent la dirigeante du Front national, Marine Le Pen, qui appelle l'électorat de l'ancien parti de Nicolas Sarkozy à se rallier à elle pour favoriser une «recomposition» radicale de la scène politique.

Le parti d'extrême droite espère faire élire une quinzaine de députés pour former un groupe parlementaire, mais le mode de scrutin uninominal à deux tours lui laisse peu de chances d'atteindre un tel objectif.

La division du vote de droite entre l'UMP et le Front national risque en effet, dans plusieurs circonscriptions, de favoriser le candidat de gauche au second tour.

Le Parti socialiste, fort de la récente victoire de son candidat, François Hollande, à l'élection présidentielle, espère remporter une majorité des 577 sièges en juin de manière à avoir les mains libres pour appliquer son programme.

Le secrétaire national aux élections de la formation, Christophe Brogel, est convaincu que la gauche obtiendra une majorité. Et il juge peu probable que les socialistes, alliés aux écologistes, aient besoin des voix du Front de gauche pour l'atteindre.

La coalition d'extrême gauche n'a pas réussi à s'entendre avec les dirigeants socialistes pour présenter un candidat unique dans plusieurs circonscriptions sensibles.

L'échec des pourparlers est décrié par le leader du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui avait appelé sans contrepartie ses partisans à voter contre Nicolas Sarkozy au second tour de l'élection présidentielle.

Les socialistes «veulent être majoritaires seuls à l'Assemblée nationale et tentent de limiter au maximum le poids de leurs éventuels partenaires», a-t-il accusé hier.

Un récent sondage indique que la gauche récoltera 45% des voix au scrutin contre environ 32% pour la droite traditionnelle. Le Front national devrait obtenir pour sa part près de 15% des voix.