La gendarmerie vaticane a arrêté un des auteurs présumés des fuites de documents confidentiels en la personne de Paolo Gabriele, majordome du pape au-dessus de tout soupçon, ont affirmé vendredi des sources informées concordantes.

Interrogé par des journalistes, le porte-parole du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, s'est contenté d'annoncer que «l'enquête lancée par la gendarmerie selon les instructions de la Commission des cardinaux et sous la direction du Promoteur de justice du Vatican (procureur) avait permis de localiser une personne en possession illégale de documents confidentiels».

«Cette personne se trouve actuellement à la disposition de la magistrature vaticane pour des approfondissements ultérieurs», a-t-il précisé.

Le père Lombardi n'a donné aucune confirmation sur l'identité, la fonction de cette personne et la date de l'interpellation, mais selon des sources concordantes, notamment l'agence I.Media spécialisée sur le Vatican, il s'agit bien du majordome du pape, Paolo Gabriele.

Celui-ci fait partie depuis début 2006 de la petite équipe affectée en permanence aux appartements du pape et le côtoie toute la journée.

Si la culpabilité de ce proche de Benoît XVI reste à prouver, beaucoup s'interrogent au Vatican sur ses motifs. Certains assurent que le pape doit être profondément abattu.

Surnommé «Paoletto», Paolo Gabriele, 46 ans, romain, toujours tiré à quatre épingles, vit avec sa femme et ses deux enfants dans un immeuble à l'intérieur du Vatican dont il a la nationalité, et il est l'un des très rares laïcs à avoir accès aux appartements du pape.

Détenu au sein du Palais du Tribunal, siège de la Gendarmerie situé derrière la basilique Saint-Pierre, Paolo Gabriele aurait été interrogé dans la matinée par le Promoteur de justice Nicola Picardi.

Sa silhouette est connue. Dans la papamobile, il est habituellement assis devant le pape, à côté du chauffeur.

Dans le livre récemment paru Sua santita (Sa Sainteté), révélant de nombreux documents confidentiels, l'auteur, le journaliste italien Gianluigi Nuzzi, décrit l'homme à l'origine des fuites comme quelqu'un en qui le pape a confiance, mais qui souhaite réparer de nombreuses «injustices» en «faisant connaître à tous ce qui se passe au Vatican».

Selon Nuzzi, cet homme n'est pas seul. Certains observateurs se sont demandé s'il ne serait pas manipulé et par qui.

Autour du pape gravitent quotidiennement, outre le majordome, quatre soeurs «Memores Domini» du mouvement catholique italien Communion et Libération, ainsi que les deux secrétaires particuliers de Benoît XVI, Georg Gänswein et Alfred Xuereb.

Gabriele aide Benoît XVI à revêtir ses habits pontificaux, participe à la messe dans sa chapelle privée, le suit dans ses audiences publiques et privées, sert le déjeuner, se met à table avec le pape et prépare le soir sa chambre.

L'annonce de l'arrestation survient au lendemain du limogeage-surprise d'Ettore Gotti Tedeschi, président de l'Institut pour les oeuvres de religion (IOR), la banque du Vatican.

Il y a un mois, Benoît XVI a institué une commission formée de trois cardinaux pour enquêter sur des fuites répétées de documents depuis janvier.