Le leader écossais Alex Salmond a lancé vendredi sa campagne destinée à «galvaniser» la population en faveur du «oui» à l'indépendance de l'Écosse au référendum qu'il veut organiser à l'automne 2014, un combat qui a reçu le soutien de l'acteur Sean Connery.

Alors que selon les sondages, un tiers seulement des 5,3 millions d'Écossais souhaitent voir leur région semi-autonome quitter le giron du Royaume-Uni, le chef du Scottish national party (SNP) entend construire une campagne «pierre par pierre» pour les convaincre.

«Nos opposants, et nous en avons un certain nombre, sont riches et puissants. Et donc pour gagner, et bien gagner, nous allons devoir galvaniser tout le peuple du royaume d'Écosse», a déclaré le premier ministre écossais lors d'une réunion publique, au côté d'un responsable du parti des Verts.

Dans ce combat, le leader nationaliste peut compter sur le soutien de l'acteur écossais Sean Connery, partisan de longue date de l'indépendance. «C'est un jour historique pour l'Écosse», s'est félicité le célèbre interprète de James Bond, qui vit maintenant aux Bahamas, dans un message lu au cours du rassemblement.

Alex Salmond, qui détient depuis mai 2010 la majorité absolue au parlement d'Édimbourg, a appelé de ses voeux une «Écossaise plus verte, plus juste et plus prospère», estimant que l'indépendance était «nécessaire pour accomplir ces grands objectifs».

Une campagne du «non», soutenue par Londres, doit être lancée cette année.

Si le gouvernement britannique, hostile à l'idée d'indépendance, a fini par accepter l'organisation d'un référendum, les modalités de son organisation opposent Londres et Édimbourg.

Alors que Londres prône une tenue rapide du scrutin, Édimbourg veut attendre l'automne 2014. Et tandis que le gouvernement britannique souhaite une question unique (oui ou non), M. Salmond envisage une question subsidiaire proposant une autonomie accrue, conscient que l'indépendance est loin de faire l'unanimité chez lui.

Façon d'éviter de voir enterrée à tout jamais la quête d'indépendance de l'Écosse, rattachée depuis 1707 à la couronne d'Angleterre.

Actuellement, le Parlement écossais a des compétences en matière d'éducation, de santé, d'environnement et de justice.

L'Écosse dispose de son drapeau et d'équipes nationales de soccer et de rugby, mais les questions relatives aux affaires étrangères, à l'énergie et à la défense relèvent du gouvernement britannique.

«Si le Parlement peut légiférer sur l'éducation, pourquoi ne peut-il pas le faire sur l'économie?», a argumenté Alex Salmond. «S'il est crédible pour s'occuper du secteur de la santé, pourquoi ne peut-il pas représenter l'Écosse au niveau international? Si on lui confie la protection des personnes âgées, pourquoi ne peut-il pas aussi protéger le pays et le faire sans d'obscènes armes nucléaires?», a-t-il poursuivi.

Le premier ministre britannique David Cameron s'était rendu en février à Édimbourg pour se dire «prêt au combat» contre l'indépendance, tout en proposant à la région des pouvoirs supplémentaires en cas de victoire du non.

Une séparation de l'Écosse du reste du Royaume-Uni (qui comprend l'Angleterre, le pays de Galles et l'Irlande du Nord) comporte de nombreuses inconnues: à qui reviendraient les importantes réserves pétrolières de la Mer du Nord? L'Écosse deviendrait-elle une république ou garderait-elle la reine Elizabeth comme chef d'État? Conserverait-elle la livre sterling? Et qu'en est-il de son avenir au sein de l'Union européenne?

Sur le plan économique, si les performances écossaises sont en ligne avec la moyenne du Royaume-Uni, la région devra en cas d'indépendance faire face à une dette publique élevée et gérer seule un déficit public qui s'avère déjà important.