L'état de catastrophe naturelle a été proclamé mardi dans la région du nord-est de l'Italie frappée par le séisme de dimanche où plus de 5000 personnes, sans toit ou réticentes à l'idée de rentrer chez elles, sont hébergées dans des campements de fortune.

Réuni dans l'après-midi à Rome, le Conseil des ministres a décrété pour une durée de 60 jours l'état de catastrophe naturelle dans la zone située entre Modène et Ferrare, afin d'accélérer les formalités administratives pour la reconstruction et l'aide aux sinistrés.

Il a aussi affecté 50 millions d'euros (environ 65 millions de dollars) dans un premier temps aux opérations d'aide et d'assistance, selon un communiqué du gouvernement italien. En outre, les propriétaires d'habitations et d'entreprises endommagées dans la zone seront provisoirement exonérés de la taxe immobilière.

Plus de 50 secousses de magnitude supérieure à 2 ont été enregistrées depuis lundi à 20 h GMT (16 h, heure de Montréal), dont deux qui ont dépassé la magnitude 3, selon le département de sismologie de l'Institut de géophysique italien (INGV).

Nombreux sont les évacués qui ont passé la nuit dans leurs voitures, garées dans des stationnements de supermarchés ou des places publiques, le plus loin possible de tout immeuble, de crainte que des murs ne s'écroulent. D'autres ont été hébergés dans des centres d'accueil improvisés dans des salles de fête ou des gymnases, ou encore sous la tente.

«Jusqu'à présent, le pourcentage de maisons jugées inhabitables est extrêmement bas», a déclaré Demetrio Egidi, directeur de la protection civile en Émilie-Romagne, la région touchée par le séisme, pendant que de nombreuses équipes de pompiers et d'ingénieurs inspectent sans relâche les habitations.

«Nous espérons que, une fois tranquillisées d'un point de vue psychologique, de nombreuses personnes rentreront dans leurs maisons», a-t-il ajouté, précisant que, de toute manière, les campements de fortune pouvaient accueillir jusqu'à 5800 personnes.

Selon la protection civile, environ 5300 personnes ne dorment pas actuellement chez elles et reçoivent une assistance.

Monti hué

Le chef du gouvernement italien, Mario Monti, qui s'est rendu dans la matinée dans la zone, a été conspué par une dizaine de personnes dans la bourgade de Sant'Agostino, la plus touchée par le séisme de dimanche, où il était venu exprimer la solidarité du gouvernement.

Ces personnes l'ont hué et sifflé pour contester le niveau élevé des taxes et autres impôts en Italie, entrée en récession fin 2011 et à laquelle il a appliqué une sévère cure d'austérité.

«Voleurs, honte à vous, restez chez vous!», a crié une habitante de cette localité d'environ 6000 habitants au coeur de cette riche région industrielle et agricole.

M. Monti a souligné vouloir, par sa visite, manifester « la solidarité du gouvernement à ces familles, à toute la population qui a été durement touchée aussi bien d'un point de vue émotif que dans ses activités quotidiennes».

Le séisme a provoqué pour plusieurs centaines de millions d'euros de dégâts dans l'industrie de cette région très dynamique, selon le patronat local.

«Les dommages directs aux entreprises ne sont pas inférieurs à plusieurs centaines de millions d'euros», a estimé lundi soir la section locale de l'organisation patronale Confindustria.

D'après elle, 200 entreprises de la région ont durement souffert et au moins 2000 salariés vont se retrouver au chômage technique dans les prochaines semaines.

Le quotidien économique Il Sole 24 Ore évalue à 500 millions d'euros (649 millions de dollars) les dégâts causés à l'économie locale.