L'élection surprise à la tête de la Serbie du nationaliste Tomislav Nikolic n'entravera pas la marche du pays vers l'UE, notent les analystes, mais l'agence de notation Fitch s'est inquiétée lundi d'une «incertitude» dans les relations avec le FMI.

Les analystes prédisent la poursuite de la marche vers l'Union européenne quelle que soit la majorité qui va gouverner, tout en soulignant que sa formation s'annonce néanmoins laborieuse.

«Je crois que Nikolic va poursuivre la seule politique réaliste, celle menée par Boris Tadic», son prédécesseur pro-européen battu, a affirmé le sociologue Jovo Bakic.

«Rien d'inquiétant ne devrait survenir», a-t-il poursuivi.

Dès l'annonce de sa victoire qui a contredit les sondages, M. Nikolic, un populiste reconverti en pro-européen après avoir longtemps contesté une telle option pour son pays, a tenu à rassurer Bruxelles.

«La Serbie maintiendra sa voie européenne», a-t-il dit.

Belgrade s'est vu octroyer en mars le statut de candidat à l'adhésion à l'UE mais attend une date pour ouvrir les négociations.

Bruxelles a salué son élection y voyant «un signal très clair» en faveur de la poursuite de sa politique européenne et a appelé à la poursuite de l'amélioration des relations avec le Kosovo, province du sud de la Serbie qui a proclamé son indépendance en 2008, fermement rejetée par l'ensemble de la classe politique serbe.

Dans la journée, l'agence de notation Fitch a estimé que l'élection de M. Nikolic créait une «incertitude» dans les relations avec le Fonds monétaire international (FMI).

Fitch estime que la «rhétorique anti-FMI» défendue «ça et là» par M. Nikolic pendant la campagne électorale, trahit «un large sentiment laissant penser qu'il adoptera une attitude plus intransigeante dans les négociations avec le fonds».

Fitch tempère néanmoins ses propres inquiétudes : «Alors que la victoire de Nikolic augmente l'incertitude dans les relations Serbie-FMI (...) l'arrivée du nouveau président ne doit pas être comprise comme un changement dramatique des relations entre la Serbie et le FMI».

De son côté, l'analyste politique Djordje Vukovic, a également estimé que M. Nikolic «irait à Bruxelles pour trouver un langage politique commun avec les principaux membres de l'UE», bien qu'il ait été pro-russe par le passé et qu'il entende entretenir à l'avenir de bonnes relations avec Moscou.

À Belgrade, les partis politiques se préparaient à des négociations laborieuses pour la formation d'une majorité gouvernementale.

L'élection de M. Nikolic place le Parti socialiste (SPS) du vice-premier ministre sortant Ivica Dacic en position de faiseur de rois et complique la mise en place rapide d'une nouvelle majorité.

Pour assurer à son Parti serbe de Progrès (SNS), qui dispose du plus grand nombre d'élus, 73 sur 250, la possibilité de gouverner le pays, M. Nikolic devra rompre l'alliance décidée à l'issue des élections générales du 6 mai entre le SPS et le Parti démocrate (DS) de Boris Tadic.

Le président élu a déjà contacté le dirigeant socialiste visant une coalition autour de son parti.

Deuxième et troisième forces parlementaires, les démocrates de M. Tadic et les socialistes ont annoncé leur intention de maintenir leur alliance, après avoir exercé le pouvoir ces quatre dernières années.

Mais M. Dacic a noté que la victoire de M. Nikolic avait rendu la situation «très certainement plus compliquée».

Conscient de son rôle clé, M. Dacic a fait monter les enchères en laissant entendre qu'il souhaitait plus de portefeuilles pour son parti, que les quatre dans le gouvernement sortant.

En vertu de la Constitution, la Serbie a jusqu'au 5 septembre pour se doter d'un gouvernement.