Les dirigeants des pays du G8 ont plaidé samedi pour une zone euro «forte et unie», avec la Grèce, et se sont engagés à «encourager la croissance», tout en prenant des mesures contre les déficits, lors d'un sommet dominé par la crise de la dette européenne.

Signe de leurs différences de stratégie, les dirigeants ont souligné dans le communiqué du sommet de Camp David (Maryland, est) hébergé par le président Barack Obama que les mesures à prendre «ne sont pas les mêmes pour chacun» d'entre eux.

Plus tôt samedi, M. Obama a affirmé que la recherche de la croissance et la lutte contre les déficits devaient aller de pair, une façon de contenter à la fois la chancelière allemande Angela Merkel, apôtre de la rigueur, et les nouveaux dirigeants italien Mario Monti et français François Hollande, qui souhaitent donner davantage priorité à la relance.

Mais Mme Merkel, qui va rencontrer en tête-à-tête M. Obama à Camp David samedi soir, a nié toute divergence entre Paris et Berlin sur ce sujet.

«Le message important à retenir du sommet, c'est que la consolidation des budgets et la croissance sont les deux faces de la même médaille», a-t-elle affirmé. Selon elle, les dirigeants des pays du G8 et de l'Union européenne «sont tombés entièrement d'accord pour dire qu'il faut les deux choses: de la discipline budgétaire (...) et en même temps des efforts pour la croissance».

Ce débat sur la dette européenne s'effectue sur fond de graves inquiétudes pour la Grèce, où la crise économique se double d'un blocage politique. Les Grecs sont à nouveau appelés aux urnes le 17 juin et leur sortie de l'euro est ouvertement évoquée.

M. Hollande a affirmé avoir obtenu que le soutien à la Grèce soit mentionné par le G8. «Le message que j'ai voulu porter (...) ça a été le souhait que la Grèce reste dans la zone euro, respecte ses engagements mais soit appuyée, accompagnée par l'Europe pour stimuler sa croissance», a déclaré M. Hollande.

Candidat à un second mandat le 6 novembre, M. Obama a mis en garde contre les effets néfastes des difficultés européennes sur la situation aux États-Unis où, même modeste, la croissance est revenue et le chômage a décru d'un point depuis août 2011.

Les dirigeants du G8 (États-Unis, Grande-Bretagne, Canada, Italie, France, Allemagne, Japon, Russie) et de l'UE avaient déjà effectué un tour d'horizon des dossiers géopolitiques brûlants vendredi soir, notamment les programmes nucléaires iranien et nord-coréen, ainsi que la Birmanie et la Syrie.

Sur l'Iran, à quelques jours de la reprise de négociations à Bagdad, M. Obama a exprimé l'espoir de parvenir à une solution diplomatique, tout en estimant à propos de Téhéran «que ses violations continuelles des règles internationales et son incapacité à prouver jusqu'ici qu'il n'essaie pas de militariser (son programme nucléaire) constituent un grave motif d'inquiétude».

Les pays du G8 ont aussi adressé un avertissement à la République islamique en se disant prêts à prendre des mesures pour assurer l'approvisionnement du marché mondial en pétrole, façon de montrer qu'ils pourront supporter les effets sur les cours des sanctions contre le secteur pétrolier iranien devant entrer en vigueur en juillet.

Concernant la Syrie, M. Obama a évoqué la nécessité de voir un «processus politique» s'engageant «plus rapidement» dans ce pays, théâtre d'une révolte réprimée dans le sang par le régime de Bachar al-Assad.

Cette formulation vague n'a pas pu camoufler le différend persistant avec Moscou, allié du régime syrien. Un conseiller du Kremlin, Mikhaïl Margelov, a estimé samedi qu'il «ne peut pas y avoir de changement de régime par la force».

L'après-midi devait être consacré à l'Afghanistan ainsi qu'aux pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. L'Afghanistan sera le sujet dominant du sommet de l'OTAN qui démarrera dimanche à Chicago dans la foulée du G8.

Avant de se rendre à Chicago, M. Obama devait s'exprimer face aux journalistes à 17H45.