Après la défaite de Nicolas Sarkozy, les divisions se poursuivent dans le parti du président sortant, l'UMP, de ce côté de l'Atlantique, à deux semaines du premier tour des élections législatives en France.

François Lubrina, le délégué de l'UMP au Québec, a créé la surprise lundi en devenant le suppléant d'un concurrent du candidat officiel de l'UMP, Frédéric Lefebvre.

Les doléances adressées à M. Lefebvre, proche de Nicolas Sarkozy, qui était jusqu'à tout récemment secrétaire d'État à Paris, sont nombreuses: son «parachutage»; sa présence jugée insuffisante dans la campagne; son manque de connaissance des enjeux locaux.

«Une non-campagne»

«Ç'a été une non-campagne, résume M. Lubrina. M. Lefebvre n'est pas un candidat fait pour l'Amérique du Nord, c'est quelqu'un qui n'a pas d'attaches ici, c'est un candidat qui n'a pas labouré le terrain. À un moment donné, moi, mon but, c'est que la droite et le centre ne perdent pas cette élection qui était pourtant acquise.»

Dans la foulée de l'annonce de sa candidature comme suppléant de Julien Balkany, candidat de droite installé aux États-Unis et demi-frère d'un proche de Nicolas Sarkozy, François Lubrina a perdu son titre de délégué de l'UMP et est temporairement suspendu du parti.

Un printemps au goût amer

«Je suis dans une situation très inconfortable. Je suis attaché à mon parti, mais à titre personnel, je ne peux pas soutenir M. Lefebvre, dit un membre de l'UMP à Montréal, qui souhaite taire son nom. M. Lefebvre ne fait pas campagne, je ne sais même pas quand il vient à Montréal, alors que le premier tour est dans deux semaines. Je me pose clairement des questions sur la stratégie de campagne.»

Les représentants de M. Lefebvre assurent pourtant que la campagne va bon train et que les troupes de l'UMP sont mobilisées derrière lui.

«Il y a un très gros travail de terrain fait ici, mais c'est certain que notre façon de faire campagne n'est pas de faire la tournée des popottes», répond Stéphane Minson, directeur adjoint de campagne au Canada de M. Lefebvre.

«L'enjeu de l'élection, c'est toujours l'UMP contre le Parti socialiste. À l'issue du premier tour, certaines personnes retourneront au bercail», soumet-il.

«Un vent de changement»

Dix-huit candidats, dont plusieurs indépendants, briguent le siège de député de l'Amérique du Nord.

Expatrié depuis plus de 37 ans, Antoine Treuille, à droite, croit que son expérience américaine le démarque de ses concurrents. «La connaissance du terrain doit primer», croit-il.

Arrivé en avril dans la course, Émile Servan-Schreiber, entrepreneur franco-américain, veut quant à lui incarner un renouveau politique au centre droit.

«Le député de l'Amérique du Nord a le potentiel pour aider la France à entrer dans le XXIe siècle», estime-t-il.

Pour lui, l'UMP de Nicolas Sarkozy appartient au passé.

«La droite va devoir se recomposer sur de nouvelles bases. L'UMP ne va pas survivre telle qu'on la connaît aujourd'hui», dit-il.

Du côté du Parti socialiste, après l'élection de François Hollande, on se montre optimiste.

«Nous avons de bonnes chances de gagner, il y a un vent de changement important, et on sent que chez les Français de l'étranger, l'écart entre la gauche et la droite se resserre», dit Yan Chantrel, porte-parole à Montréal de la candidate Corinne Narassiguin.