Plusieurs centaines d'«indignés» du mouvement «Occupy London» se sont rassemblés samedi après-midi sur les marches de la cathédrale St-Paul, à l'occasion d'une journée mondiale d'action du mouvement.

Des banderoles rappelaient les mots d'ordre du mouvement anticapitaliste: «À bas le capitalisme prédateur», «Vive la démocratie politique», ou «Le peuple avant les profits».

Les manifestants, banderoles au vent, écoutaient au soleil des intervenants, comme James Meadway, économiste dans l'institut «New Economic Foundation».

«Les problématiques sont toujours là, la crise empire», a-t-il souligné, se félicitant de la participation.

Un millier de personnes avaient déclaré leur intention de participer à la journée d'action sur le site Facebook du mouvement. Les organisateurs avaient invité les sympathisants à venir avec des tentes, symboles des occupations des «indignés».

Mais le principal campement des «indignés» londoniens, sur le parvis de la cathédrale St-Paul, a été démantelé en février, et deux autres campements, dans des parcs de la capitale, ont une moindre visibilité.

«Le mouvement a changé de forme», a estimé James Meadway. «Il s'étend à d'autres gens», notamment sur la toile.

Jacky Turner, médecin dans le quartier défavorisé de Tower Hamlets (est de Londres) a défendu le service public de santé (NHS). «Il y a plein d'argent pour le NHS, il suffit d'arrêter de le gaspiller en se portant au secours des banques ou en achetant des missiles», a-t-elle lancé.

Une étudiante norvégienne, Raghnhild Freng Dale, ancienne «campeuse» à St-Paul, souligne que «les tentes n'étaient pas un but en soi. C'était pour attirer l'attention sur la nécessité de construire une alternative».

Selon elle, «le plus grand succès du mouvement a été d'attirer des gens qui ne sont pas forcément politisés».

Après les interventions, les organisateurs ont prévu de manifester devant les sièges des principales banques et institutions du quartier d'affaires de la City.

Les «indignés» du mouvement Occupy London ont publié vendredi un «manifeste de mai» prônant un changement du système économique, une démocratisation d'institutions telles que le FMI et les Nations unies, l'abolition des paradis fiscaux et une taxe mondiale sur les transactions financières.

La journée d'action vise à fêter la naissance du mouvement le 15 mai 2011 à la Puerta del Sol à Madrid.

Espagne

Un an après, les «indignados» espagnols redescendent dans la rue. De nouvelles manifestations étaient organisées samedi dans toute l'Espagne pour marquer le premier anniversaire d'un mouvement qui a inspiré des protestataires du monde entier.

Les «indignés» comptaient notamment se réunir dans la soirée sur la place de la Puerta del Sol, berceau du mouvement au coeur de Madrid, et y rester trois jours. Mais les autorités ont prévenu qu'elles ne permettraient pas l'installation de campements et près de 2000 policiers anti-émeutes devaient être mobilisés dans la capitale.

«Nous sommes ici aujourd'hui pour célébrer le premier anniversaire (...) du mouvement et même si nous sommes avons réussi certaines choses, la situation s'est beaucoup aggravée, alors il faut continuer le combat (...) et c'est pour cela que nous sommes là», expliquait Ana Pancorvo, une militante de 40 ans, en rejoignant l'un des quatre cortèges madrilènes devant converger vers la Puerta del Sol. Des rassemblements étaient aussi prévus dans d'autres villes d'Europe, comme à Londres.

Les premières manifestations avaient commencé il y a presque un an, le 15 mai 2011, pour exprimer le refus que les populations payent le prix de la crise économique et financière et subissent les conséquences des mesures d'austérité engagées dans toute l'Europe. Un peu partout en Espagne, les «indignés» avaient installé des campements, dont celui de la Puerta del Sol, en plein coeur de Madrid.

Les manifestations se sont vite propagées en Europe, mais ont aussi traversé l'Atlantique, avec le mouvement «Occupy Wall Street», dénonçant les excès de la finance, qui en a inspiré d'autres en Asie notamment.

Un an après, l'Espagne reste accablée par la récession, avec un taux de chômage désormais qui touche près d'un quart de la population active (24,4%), le plus fort des 17 pays de la zone euro, et frappe un jeune sur deux de moins de 25 ans. La situation économique du pays continue d'alimenter les craintes que le pays n'ait à son tour besoin d'être renfloué, comme la Grèce, l'Irlande et le Portugal.

Le nouveau conservateur de Mariano Rajoy, chef du Parti populaire, a adopté de profondes mesures de restriction budgétaire pour tenter de réduire la dette espagnole, mais beaucoup accusent ces mesures d'aggraver la détresse financière des ménages les plus fragiles.

- avec AP