Le leader de la gauche radicale française Jean-Luc Mélenchon a officialisé samedi sa candidature aux législatives de juin à Hénin-Beaumont, fief de la patronne du Front national (extrême droite) Marine Le Pen dans le nord de la France.

«Je propose ma candidature dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais. Je forme le voeu que les citoyens veuillent majoritairement être représentés à l'Assemblée nationale par quelqu'un qui porte comme réponse à la crise le social et pas l'ethnique», a-t-il déclaré à la chaîne de télévision France 3.

Sa candidature a été qualifiée samedi d'«épiphénomène» par Marine Le Pen, qui doit officialiser lundi sa candidature à Hénin-Beaumont, ville déshéritée du bassin minier du Nord de la France, où elle a été conseillère municipale de 2008 à 2011.

L'affrontement entre Jean-Luc Mélenchon, révélation de la campagne présidentielle avec ses réunions géantes, et la patronne du Front national qui a porté le score de son parti à un niveau historique, revêt dès à présent une dimension nationale.

«Nous voulons obtenir une victoire politique qui ait un sens national et international», a-t-il lancé dans l'après-midi lors d'une conférence de presse à Hénin-Beaumont, au côté du représentant du parti communiste local.

Jean-Luc Mélenchon avait fait de Marine Le Pen son adversaire principal pendant la présidentielle, mais a échoué à la devancer avec seulement 11,1% des voix contre 17,9% lors du premier tour, le 22 avril.

«Il n'y aura pas ici la bataille de chiens que certains espèrent», a-t-il dit.

«Dans la bataille que nous allons mener vont se confronter deux visions de la sortie de crise, comme dans toute l'Europe», a-t-il dit, «parce que dans toute l'Europe l'extrême droite progresse» et que «le premier parti de la gauche en Europe, l'Internationale socialiste, est incapable de faire face à la situation». Il a cité le cas de l'ex-premier ministre socialiste de Grèce, Georges Papandréou, «le premier à capituler en Europe».

Alors face aux fermetures d'usines «sur des coups de bourse», a poursuivi M. Mélenchon, si «vous voulez ne rien faire et vous en prendre aux arabes qui travaillent dans l'usine, vous votez Mme Le Pen! Vous voulez vous en prendre aux patrons voyous et empêcher le licenciement vous votez Jean-Luc Mélenchon».

«Le programme il est pas local, il est nécessairement national et il est international», a insisté l'eurodéputé, appelant aussi le président élu François Hollande à «ne pas céder» devant les libéraux.

«Marine Le Pen n'est pas chez elle ici, ce n'est pas son fief», a-t-il enfin martelé, affirmant que le bassin minier était avant tout le berceau du mouvement ouvrier.

Dans la circonscription d'Hénin-Beaumont, au 1er tour de la présidentielle, la présidente du FN est arrivée en tête avec 31,42% des voix, devant le socialiste François Hollande (28,75%), le président de droite sortant Nicolas Sarkozy (15,79%) et Jean-Luc Mélenchon (14,85%).

En 2007, la patronne du Front national avait été battue au deuxième tour de l'élection législative par le candidat socialiste. Mais la fédération socialiste locale est aujourd'hui dans la tourmente après des accusations de financement occulte par l'ancien maire socialiste d'Hénin-Baumont, lui-même mis en examen (inculpé) dans une affaire de fausses factures.