La pression montait samedi autour du ministre de la Culture britannique Jeremy Hunt, après de nouvelles révélations sur ses liens avec le groupe Murdoch, après l'audition jeudi du numéro 2 du groupe au Royaume-Uni Rebekah Brooks.

Le parti travailliste a appelé à la démission du ministre, accusé de collusion avec le groupe Murdoch à propos du dossier sensible du rachat total du bouquet satellitaire BSkyB, en plein scandale des écoutes au tabloïde News of the World.

Un courriel publié jeudi, adressé par un collaborateur de M. Hunt à Rebekah Brooks, révèle que le ministre souhaitait être «conseillé» sur l'impact du scandale sur l'offre de reprise par News Corp., le groupe de Rupert Murdoch de la totalité de BSkyB, dont il possédait déjà près de 40%.

«JH (Jeremy Hunt) est en train de regarder de plus près l'affaire du piratage des messageries téléphoniques (au News of the World, tabloïde du groupe Murdoch, fermé en juillet) et m'a demandé de le conseiller en privé dans les semaines qui viennent et de guider son positionnement et celui du 10, Downing Street (services du premier ministre)», indique le courriel de Fred Michel.

Ce lobbyiste français était chargé au sein du groupe Murdoch de promouvoir auprès des autorités britanniques ce projet de rachat total de BSkyB, abandonné depuis dans la tempête autour des écoutes.

Le courriel de Fred Michel daté du 27 juin, indique également que M. Hunt s'apprêtait à minimiser devant le parlement l'impact des écoutes sur le dossier: «Il va répéter le même argumentaire que devant le parlement il y a quelques semaines,» écrit M. Michel.

«C'est absolument inacceptable», a souligné le numéro 2 des travaillistes Harriet Harman. «Il y a eu une collusion complète entre le ministre, son ministère et News Corp. à propos d'une offre sur laquelle il était censé être impartial, ce qui signifie qu'il ne devrait plus être à son poste».

Un porte-parole de Jeremy Hunt a rétorqué que le ministre «répondra lorsqu'il témoignera devant la commission d'enquête, en temps et heure.»

Selon lui, M. Hunt fera la preuve de «son intégrité». «Il a déjà été clairement établi que lorsque Fred Michel disait parler directement à M. Hunt, ce n'était pas le cas», a-t-il précisé, la communication passant en réalité par le canal du conseiller Adam Smith.

Ce dernier a démissionné en avril, après une audition du fils du magnat des médias James Murdoch qui révélait déjà des courriels embarrassants.