Quelque 200 militants campent au centre de Moscou pour protester contre l'élection de Vladimir Poutine et l'arrestation de deux chefs de l'opposition.    

M. Poutine fut président de la Russie de 2000 à 2008, lorsqu'il a dû céder le pouvoir et accepter le poste de premier ministre en raison des limites constitutionnelles au nombre de mandats consécutifs. Lundi, il a été officiellement nommé de nouveau président pour un mandat de six ans.

Des manifestations anti-Poutine ont éclaté dimanche à Moscou, et plus de 400 personnes ont été arrêtées après que la marche autorisée se soit transformée en affrontements entre opposants et forces de l'ordre.

Depuis lundi, les militants ont organisé des manifestations éclair à travers Moscou, se rassemblant rapidement dans des endroits publics et s'y installant pour y passer la nuit. Deux des principaux leaders de l'opposition, Alexeï Navalny et Sergeï Udaltsov, ont été détenus mercredi pour avoir désobéi aux ordres de la police. Les protestataires ont fait le voeu de demeurer dans les rues au moins jusqu'à ce que les deux hommes soient relâchés.

La nuit de jeudi à vendredi a été la première lors de laquelle la police n'est pas intervenue pour disperser ou arrêter les manifestants. Vendredi, des militants campaient autour du monument d'Abaï, un célèbre poète et philosophe kazakh du 19e siècle - un choix fait au hasard. Ils ont installé un tableau d'affichage, y annonçant des réunions à venir et des allocutions sur la résistance passive. Certains ont grimpé sur le monument pour le nettoyer.

Ces manifestations constantes, appelées «Occupons Abaï», sont de petite envergure comparativement aux rassemblements qui ont attiré 100 000 personnes l'hiver dernier, mais elles constituent un geste de défi rarement vu en Russie.

Le leader de l'opposition Boris Nemtsov a déclaré vendredi que le premier ministre Dimitri Medvedev, qui se rendra la semaine prochaine aux États-Unis pour un sommet du G8, devrait venir sur le boulevard Chistoprudny à Moscou et discuter avec les protestataires. Selon M. Nemtsov, cela «ne fera pas mal». «Les gens ont des questions pour vous», a-t-il dit.

Plusieurs Russes de tendance libérale ont placé leurs espoirs en M. Medvedev lorsqu'il a été président de la Russie et a fait le voeu de mettre en place des réformes. Ils se sont toutefois sentis trahis lorsque celui-ci a annoncé en septembre qu'il cèderait le pouvoir et laisserait M. Poutine, son mentor de longue date, tenter d'obtenir un troisième mandat comme président dans une élection qu'il était certain de remporter.