La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a ouvert la voie mercredi à l'extradition de l'islamiste Abou Qatada de la Grande-Bretagne vers la Jordanie, en rejetant sa demande de réexamen de son dossier devant l'instance judiciaire paneuropéenne.

Un collège de juges de la CEDH a rejeté la demande de renvoi devant la Grande Chambre de la Cour de l'affaire opposant Abou Qatada au Royaume-Uni, qui avait fait l'objet d'un arrêt en janvier. Cette demande, déposée in extremis le 17 avril par son avocat, avait permis à l'islamiste de bloquer son extradition.

Ce groupe de cinq juges a considéré que «la demande devait être rejetée», même si elle avait été déposée «dans la limite de trois mois» imposée après le premier arrêt rendu le 17 janvier, a indiqué la CEDH dans un communiqué. Ce dernier arrêt est donc désormais «définitif», a-t-elle précisé.

Le Royaume-Uni veut extrader Abou Qatada vers la Jordanie où il doit être rejugé après avoir été condamné par contumace à 15 ans de prison, pour actes terroristes.

Dans leur arrêt du 17 janvier, les juges de la CEDH n'avaient identifié qu'un seul obstacle à l'extradition d'Abou Qatada vers la Jordanie: la possibilité que des preuves obtenues par la torture y soient utilisées contre lui. Ils avaient en revanche rejeté tous les autres risques de violations des droits de l'homme invoqués par la défense de l'islamiste pour empêcher son extradition.

Après cet arrêt, le Royaume-Uni avait assuré avoir reçu des garanties suffisantes de la part des autorités jordaniennes et s'apprêtait à extrader Abou Qatada, arrêté le 17 avril.

Mais la demande de réexamen déposée le même jour par son avocat devant la CEDH a eu pour effet de bloquer son extradition jusqu'à la réponse du collège de juges, en vertu du règlement de la CEDH qui s'impose aux 47 États membres du Conseil de l'Europe.

Ce point de règlement vise à faire en sorte «que le requérant soit à la disposition de la Cour durant le temps de la procédure».

Londres salue cette décision

La ministre de l'Intérieur britannique Theresa May a salué mercredi la décision de la Cour européenne des droits de l'Homme sur l'expulsion de l'islamiste Abou Qatada et s'est dite confiante dans le fait que Londres parviendrait «à mettre Qatada dans un avion» pour la Jordanie.

«Il a toujours été dans l'intention du gouvernement que l'affaire Qatada puisse être jugée par un tribunal britannique, je suis donc contente de la décision de la Cour européenne aujourd'hui», a-t-elle commenté.

«Après les assurances que j'ai reçues du gouvernement jordanien, je suis confiante dans le fait que nous arriverons à mettre Qatada dans un avion et à ce qu'il quitte la Grande-Bretagne pour de bon», a-t-elle ajouté, soulignant que l'affaire allait maintenant être examinée par la justice britannique.