Le blogueur Alexeï Navalny et le dirigeant du Front de gauche, Sergueï Oudaltsov, deux figures de l'opposition russe, ont été condamnés mercredi à 15 jours de prison pour avoir désobéi à la police au cours d'une manifestation contre le président Vladimir Poutine.

«Navalny a pris 15 jours» de détention, a indiqué l'avocat de l'intéressé, Nikolaï Polozov, sur son compte Twitter.

«Oudaltsov a pris 15 jours pour s'être promené la nuit à Moscou», a déclaré l'intéressé sur son propre compte Twitter après sa condamnation.

Les deux hommes étaient jugés pour «désobéissance aux injonctions de la police». Ils avaient été arrêtés à l'aube mercredi, quatrième jour de manifestations à Moscou pour dénoncer le retour lundi au Kremlin de M. Poutine.

Une cinquantaine de personnes avaient été interpellées au même moment, a indiqué M. Navalny, selon l'agence de presse Interfax, précisant que «beaucoup d'entre elles ont été libérées». Il a assuré n'avoir opposé aucune résistance à la police.

La police russe a interpellé plusieurs centaines de militants de l'opposition depuis dimanche, quand une manifestation de l'opposition a dégénéré en heurts, faisant plusieurs dizaines de blessés, lorsque les forces de l'ordre ont voulu déloger de force des milliers de manifestants d'une place du centre de Moscou.

Depuis lundi, tantôt par dizaines tantôt par centaines, les opposants organisent des sit-in en centre-ville avant d'être délogés par les policiers et de se réinstaller ailleurs.

Mardi soir, une cinquantaine d'entre eux ont ainsi été interpellés place Pouchkine.

Ils assurent ne commettre aucune infraction à la loi étant donné qu'ils ne scandent aucun slogan politique sur les places qu'ils occupent, se contenant de chanter, de lire des poèmes ou «de se promener», selon l'expression de Sergueï Oudaltsov.

Ces opposants se sont joints mercredi, jour où la Russie célèbre la victoire sur l'Allemagne nazie, a un défilé du parti communiste (opposition parlementaire) de quelque 4 000 personnes, selon la police qui a indiqué qu'aucun débordement n'avait été signalé.

Ils ont repris ensuite leurs sit-in en fin d'après-midi dans un parc du centre-ville d'où ils ont été chassés à plusieurs reprises ces derniers jours par les forces anti-émeutes.

Vladimir Poutine, qui avait dû quitter le Kremlin en 2008, ne pouvant aux termes de la Constitution effectuer un troisième mandat consécutif à la présidence, a été quatre ans durant premier ministre pour finalement revenir à la présidence en remportant en mars une élection présidentielle.

Le président sortant Dmitri Medvedev est, lui, devenu mardi chef du gouvernement en lieu et place de son mentor.

Cette permutation annoncée en septembre, additionnée à des fraudes massives aux élections législatives et à la présidentielle, selon l'opposition, ont déclenché un mouvement de contestation inédit depuis l'arrivée au pouvoir en 2000 de M. Poutine.