La Douma russe a confirmé mardi Dmitri Medvedev au poste de premier ministre au lendemain de son départ du Kremlin, entérinant ainsi la permutation de postes avec Vladimir Poutine, sur fond de poursuites des protestations de l'opposition.

M. Medvedev a obtenu le soutien de 299 des 450 députés de la chambre basse du Parlement, et 144 parlementaires, issus du parti communiste et du parti Russie juste (centre gauche), ont voté contre cette candidature. Il devait obtenir une majorité de 226 voix.

Le résultat est sans surprise, étant donné que le parti au pouvoir Russie unie (238 sièges) et le parti libéral-démocrate LDPR (nationaliste, 56 sièges) de Vladimir Jirinovski, avaient annoncé leur soutien au candidat.

«Je vous remercie pour votre confiance», a déclaré M. Medvedev, promettant d'écouter toutes les forces politiques de l'assemblée. «Je vais travailler, sans ménager les efforts, pour remplir les promesses qui ont été faites par le président de Russie et par moi», a-t-il ajouté.

M. Poutine a ensuite signé le décret confirmant la nomination du premier ministre.

Le président russe, investi lundi, s'est rendu en personne à la Douma pour faire l'éloge de M. Medvedev, un «homme aimant sa patrie» et ayant «l'expérience» pour diriger le gouvernement.

«Je ne doute pas que ses efforts constants, son expérience de la politique et de la gestion vont aider Dmitri Anatolevitch Medvedev à résoudre les problèmes les plus difficiles au poste de premier ministre», a-t-il déclaré.

M. Medvedev a de son côté promis de «faire tous les efforts possibles pour maintenir la dynamique positive dans le domaine social et économique» dans un long discours, où il a présenté les grandes lignes de sa politique.

«Nous devrons consolider la société autour de la résolution des problèmes clés et prouver que l'État est inséparable du peuple et qu'il doit servir le peuple», a-t-il dit.

Vladimir Poutine avait présenté dès lundi, peu après son investiture, la candidature de M. Medvedev pour lui succéder en tant que premier ministre.

«Vous savez, j'ai pris la décision (d'échanger nos postes) il y a longtemps, je l'ai dit ouvertement», a rappelé M. Poutine devant le Parlement.

«Nous n'avons rien changé, rien présenté devant le Parlement ou devant la société qui pourrait être qualifié de tromperie ou de jeu politique», a-t-il déclaré.

MM. Poutine et Medvedev avaient annoncé dès l'automne qu'ils échangeraient leurs postes à l'occasion de la présidentielle de mars. Ce «tandem», en place depuis 2008, semble donc installé durablement au pouvoir.

Dmitri Medvedev est, durant toute sa présidence, resté dans l'ombre de Vladimir Poutine, qui avait dû quitter le Kremlin en 2008 faute de pouvoir effectuer un troisième mandat consécutif à la présidence, interdit par la Constitution.

Cette permutation annoncée, additionnée à des fraudes massives aux élections législatives et à la présidentielle, selon l'opposition, ont déclenché un mouvement de contestation inédit depuis l'arrivée au pouvoir en 2000 de M. Poutine.

Dimanche, à la veille de son investiture, la police a violemment réprimé une manifestation, qui avait réuni entre 8000 et des dizaines de milliers de personnes, selon la police et les organisateurs.

Mardi, et pour la deuxième journée consécutive, des manifestants, des jeunes d'une vingtaine d'années pour la plupart, tentaient, tantôt par centaines, tantôt par dizaines, de poursuivre le mouvement, notamment en effectuant des sit-in.

Ils changeaient d'emplacement à chaque fois que les forces de l'ordre dispersaient leur rassemblement.

La police a procédé à une vingtaine d'interpellations mardi matin. Depuis dimanche, elle a annoncé avoir interpellé plus de 750 manifestants.