Vladimir Poutine a pris lundi ses fonctions de président pour un troisième mandat «déterminant pour le destin de la Russie» selon lui, sur fond de manifestations de l'opposition, hostile à son retour au Kremlin.

«Nous entrons dans une nouvelle étape du développement national. Les années à venir vont être déterminantes pour le destin de la Russie pour les décennies à venir», a-t-il déclaré lors d'une brève allocution.

M. Poutine, qui occupait le poste de Premier ministre après avoir été président de 2000 à 2008, a succédé officiellement à Dmitri Medvedev lors d'une cérémonie dans la fastueuse salle Saint-Georges du Kremlin, devant quelque 3000 invités, où des soldats en uniforme de parade sont entrés au pas en portant le drapeau tricolore russe.

Après avoir défilé sur un long tapis rouge sous les applaudissements, M. Poutine a prêté serment sur la Constitution, promettant «de respecter et protéger les droits et les liberté des citoyens».

Dans l'assistance se trouvaient le Patriarche de l'Église orthodoxe russe Kirill, le grand rabbin Berl Lazar, l'ancien Premier ministre italien Silvio Berlusconi, le dernier dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev et l'ex-chancelier allemand Gerhard Schroeder.

Peu après, M. Poutine s'est vu remettre la valise contenant le dispositif de communication permettant de déclencher une attaque nucléaire.

Il a ensuite assisté avec son épouse Lioudmilla, qui n'apparaît que très rarement en public, à une bénédiction prononcée par le Patriarche Kirill.

Comme prévu depuis septembre, M. Poutine a présenté lundi la candidature de M. Medvedev pour lui succéder en tant que Premier ministre.

Ce dernier rencontrera lundi les chefs des groupes parlementaires à la Douma (chambre basse) entamant ainsi le processus de sa confirmation par cette assemblée mardi.

Dimanche, une manifestation de l'opposition réunissant de 8000 à plusieurs dizaines de milliers de participants à Moscou, selon les autorités et les organisateurs, avait été réprimée violemment par la police. Vingt-neuf policiers ont été blessés au cours des heurts qui ont suivi.

La police a indiqué avoir interpellé 436 personnes, dont le leader du Front de Gauche, Sergueï Oudaltsov et le blogueur anti-corruption Alexeï Navalny.

Une enquête a été ouverte pour «appel à des troubles à l'ordre public» et «violences contre personne dépositaire de l'autorité publique», délits passibles respectivement de trois et dix ans de détention.

Un impressionnant dispositif de sécurité avait été installé lundi aux abords du Kremlin et dans le centre de Moscou où des milliers de policiers ont été déployés.

Des opposants ont néanmoins essayé de se rassembler, sans autorisation, près du Kremlin pour dénoncer la nouvelle présidence Poutine. La police a annoncé avoir interpellé quelque 120 personnes, dont Boris Nemtsov, un ex-vice-Premier ministre.

Elu le 4 mars avec près de 64% des voix lors d'un scrutin entaché de fraudes selon l'opposition, M. Poutine retourne au Kremlin qu'il avait quitté en 2008 pour devenir Premier ministre faute de pouvoir effectuer plus de deux mandats consécutifs, selon la Constitution.

L'ex-agent du KGB avait laissé la place à un subordonné, Dmitri Medvedev. Ce «tandem» semble, avec la permutation des postes en cours, installé durablement au pouvoir.

Si les huit premières années de la présidence Poutine ont été marquées par une reprise en main du pays et une certaine stabilité, après les années libérales mais chaotiques sous Boris Eltsine, ce troisième mandat, passé à six ans, s'annonce plus difficile dans une société où la soif de changements n'a jamais été aussi grande depuis la chute de l'URSS en 1991.

M. Poutine s'est retrouvé confronté fin 2011 à une vague de contestation inédite de la part de la population, massivement descendue dans la rue pour dénoncer le trucage des élections législatives et présidentielle, et la corruption qui gangrène le pays.